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The killer inside me

Littérature noire

Mexico Noir : l'autocensure frappe-t-elle aussi les auteurs de polars ?

Mexico Noir : l'autocensure frappe-t-elle aussi les auteurs de polars ?

Imaginez un livre sur la gastronomie à Bordeaux où l'on ne vous parle pas de vin. Essayez de vous représenter un concert de Johnny Hallyday sans " Toute la musique que j'aime ". Où une soirée de TF1, l'hiver, sans Mimi Mathy. Ce serait déçevant non ? Eh bien, Mexico Noir est un recueil de nouvelles garanti 100% sans narcotrafiquants, sans cartel, politique et sans une once de barbarie. Je ne me suis point précipité sur le livre pour avoir du gore à tout prix mais au moins une approche littéraire des phénomènes actuels de violence, de corruption, de dérive qui laminent ce pays hypnotisant et assez mystérieux.

Le livre reste totalement en surface, on parle un peu des flics assassins par-ci, de femmes mutilées par là mais il n'y a aucune nouvelle qui va jusqu'à rapporter le malaise d'un Mexique qui fait régulièrement la Une avec les pires faits divers. On n'a pas inventé cette vidéo postée sur internet de deux membres du cartel de Sinaloa décapités à la tronçonneuse ! Ni, il y a quelques mois, ces autres membres de cartels pendus à des ponts ! Ni cette fusillade entre flics pourris à l'aéroport de Mexico !? Ni ce journal de Ciudad Juarez qui demande aux cartels ce qu'il doit faire !? Et dans Mexico Noir on a quoi ? Une histoire d'adultère sur un toit, des vieilles stars de telenovelas, un transsexuel devenu prêtre... presque on y croiserait Christine Bravo !

Oui, tout de même, deux histoires (sur douze) sortent du lot. Celle d'Oscar de la Borbolla (Derrière la porte) et celle de Bernardo Fernandez (Collection particulière).

Paco Ignacio Taibo II qui dirigeait le recueil ne s'est-il pas senti le coeur de mettre la réalité de son pays dans des nouvelles ? La peur, très compréhensible, règne-t-elle y compris chez les romanciers ? On a du mal à croire, finalement, que Mexico Noir recèle une part, même réduite, de la vérité mexicaine du 21e siècle. Pourtant un écrivain n'est-il pas un révélateur des tensions, des courants plus ou moins visibles de son monde, de son époque ?... Il me reste Delhi Noir sur ma table de nuit mais du coup je ne le regarde plus avec le même oeil.

Mexico Noir, édition Asphalte, 169 pages, 18 euros.
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