Gilles Zerlini entre lucidité et acidité dans Mauvaises nouvelles

" Transformez les plages en restaurant, les places en foire les rivières en piscines, les quais en boîte de nuit. Offrez-leur votre amitié avant qu'ils ne partent, c'est toujours quelque chose de plus. Ne vendez pas votre âme, vous n'en avez plus, contentez-vous de manger leur merde. " Mauvaises nouvelles, le premier livre de Gilles Zerlini, auteur aux racines tant toulonnaises que corses, est un recueil de nouvelles acides, désenchantées, lucides sur le changement dans son île et, quelque part, dans le monde. Ancien berger dans l'Alta-Rocca, militant politique et écologiste, devenu prof d'histoire-géo sur le tard, Zerlini signe 114 pages très prometteuses pour la suite.

Mauvaises nouvelles s'ouvre avec justesse sur les souvenirs d'un soldat corse de la 2nde Guerre Mondiale, à Marseille, dans ce qui est aujourd'hui le parc Chanot, alors transformé en Luna Park. C'est que Gilles Zerlini est attaché à ce qui a fondé le sud, il est loyal avec cette humanité, ces histoires dures et constructrices d'une identité. Et dans ce passé qu'il chérit, pas par idéologie mais bien pour l'avoir en partie connu, il intègre la dimension de la société du loisir qu'est devenue tout ce qui se trouve au sud de la ligne Lyon-Bordeaux finalement. Société du loisir, société du congé payé, vente des terres, folklorisation, perte culturelle... il parle de la Corse comme peu le font (hormis les Ferrari ou marcu Biancarelli). En 13 nouvelles l'auteur interpelle les consciences dans une langue directe qui vient autant de la rue que de ses lectures de GJ Arnaud. Gilles Zerlini sera en dédicaces, lectures et discussion ce jeudi, à 18 heures, à la librairie du Point de Rencontre, à Bastia.

Mauvaises nouvelles, édition Materia Scritta, 114 pages, 12 euros.