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The killer inside me

Littérature noire

L'Etau : Olen Steinhauer reprend parfaitement le flambeau du roman d'espionnage

L'Etau : Olen Steinhauer reprend parfaitement le flambeau du roman d'espionnage

Que reste-t-il du roman d'espionnage en 2013 ? Le genre semble s'être écroulé en même temps que le Mur de Berlin. Même s'il y a encore des beaux soubresauts de John Le Carré, Littell et David Ignatius, nous n'avons plus de vilains méchants de l'Est qui s'affirment comme tels. Oui, il y a bien la Corée du Nord, mais ça fait un peu rire non ? Par contre il y a la Chine, c'est vrai. Et son Guoanbu, service secret retors, vicieux... normal, quoi. Qui donne toute sa sève à la trilogie d'Olen Steinhauer avec son espion, Milo Weaver. Dans L'Etau, l'auteur de Baltimore, termine son fantastique face à face entre les USA et la Chine sur le terrain du renseignement. Une conclusion brillante, alambiquée au possible, où les coups fourrés sont la règle, le mensonge, une seconde nature.

Dans le précédent roman, L'Issue, le héros Milo Weaver se prenait une vilaine bastos dans le bide. Pas mérité pour ce " touriste ", département secret de la CIA, qui avait refusé quelques jours avant de tuer une adolescente. Mais bon dans L'Etau, il récupère, fait une croix sur l'alcool pour protéger ses organes troués et en profite pour s'occuper de sa petite famille, tout heureuse de le caliner. Las, son ancien chef Alan Drummond monte un plan tordu pour se venger du colonel chinois, responsable de la destruction, dans le sang, du service Tourisme. Un colonel chinois qu'Olen Steinhauer peint avec une justesse incroyable, surtout dans ses négociations, ses discussions au sommet d'un pouvoir qui aimerait bien le voir chuter. Lui, soupçonne une taupe américaine dans les services. Son adversaire réclame sa destitution pour mensonge.

Olen Steinhauer perd son lecteur évidemment, brouille les pistes. Logique, on est dans un roman d'espionnage. On ne sait plus qui est avec qui dans le camp américain. On doute des alliances dans le camp chinois. Et il en est ainsi sur 300 pages, mais sans temps mort, car Steinhauer a du talent pour placer des scènes d'action quand il faut, des face à face tendus au bon moment. Il ne joue pas inutilement avec son lecteur car chaque détail a son importance, chaque personnage a un rôle à jouer. Plus qu'un jeu d'échecs, une partie de billard, c'est un Meccano qu'il monte, un Meccano dont on ne saisit pas l'utilité, la forme. C'est la dernière pièce, les trente ultimes pages, qui laisse aperçevoir le sens de tout cela. Où le sort des hommes, patriotes, semblent plus que jamais pris dans l'engrenage des administrations, des compromissions. Au final, Chinois ou Américains ont les mêmes méthodes, démocratie ou pas.

Après cette trilogie, on attend désormais de voir l'auteur rebondir avec ce qui devrait s'appeler The Cairo Affair.

L'Etau, éditions Liana Levi, 443 pages, 21 euros.
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