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The killer inside me

Littérature noire

Portrait d'un voleur américain du début du XXe siècle : Yegg, sans romantisme ni clichés

Portrait d'un voleur américain du début du XXe siècle : Yegg, sans romantisme ni clichés

Superbe journal de bord, Yegg, autoportrait d'un honorable hors-la-loi emmène le lecteur sur les routes du brigandage, de la rapine, à la fin du XIX et au début du XXe siècle, entre la Californie et le Canada. Yegg ne transforme pas la réalité, Yegg se veut brut, Yegg parle d'un voleur, ni meilleur, ni pire que les autres, un homme, Jack Black, qui a passé plusieurs années en prison et plusieurs heures sur les châssis des trains pour ne jamais payer le billet... En version originale, Yegg, c'est You can't win. Un livre de rédemption.

Son autoportrait, Jack Black l'écrit vers 50 ans. Dont 25 passées à faire sauter des coffres, à cambrioler des maisons, à braquer des gens dans la rue... D'accord, ce n'est pas hyper original dit comme ça. Mais ce qui donne une dimension tout à fait sociétale et historique au livre c'est la communauté qui gravite dans le milieu du crime. Les fameux hobos (nous sommes très loins du pauvre Charlie Winston et son Like a hobo) ou yegg : des crapules, qui ont un sens très fort de l'honneur, et qui se reconnaissent au premier coup d'oeil, comme une société secrète. Les yeggs de ces temps-là se refilent des plans, s'envoient de l'argent pour payer un avocat, planquent les bijoux, la came. Dans la préface William S. Burroughs, qui se serait inspiré de Yegg pour son propre livre Junkie, évoque cette communauté baptisée les Johnson, des êtres droits, des voleurs " honnêtes ". Dans sa vie Jack Black a ainsi toujours voyagé de concert avec un Sanctimonious Kid, Salt Chunk Mary, Soldier Johnny, Foot and a half George... des destins souvent tragiques.A une époque où les maisons ne sont pas toujours fermées à clefs, où les alarmes n'existent pas (excepté canines) et où la police, même violente, n'a pas encore inventé les empreintes digitales.

Mais l'auteur, à l'âge où il écrit son livre, parvient à se montrer lucide sur son parcours, sa façon de vivre : " ça ne me dit rien de faire le travail journalier pour deux dollars par jour où l'employé pour quinze dollars la semaine. Non que je les méprise ne crois pas ça, mais le fait est qu'ils ont plus de courage que nous à travailler pour un tel salaire. "

L'autre versant très éclairant de Yegg, outre la dépendance à l'opium (peu criminalisée), c'est la vie en prison. A Folsom, la célèbre prison chantée par Johnny Cash, où un surveillant martyrise littéralement chacun des 900 prisonniers... jusqu'à une évasion sanglante. Où les prisonniers sont soumis à une camisole de force complète pendant deux, trois, jours. Sans parler des mitards.

Pour qui aime l'histoire des voyous américains avant l'invention de la mafia, avant même la prohibition, dans ce qui était encore le Wild, wild west, Yegg est une perle.

Yegg, édition Les fondeurs de briques, 412 pages, 22 euros.

Superbe journal de bord, Yegg, autoportrait d'un honorable hors-la-loi emmène le lecteur sur les routes du brigandage, de la rapine, à la fin du XIX et au début du XXe siècle, entre la Californie et le Canada. Yegg ne transforme pas la réalité, Yegg se veut brut, Yegg parle d'un voleur, ni meilleur, ni pire que les autres, un homme, Jack Black, qui a passé plusieurs années en prison et plusieurs heures sur les châssis des trains pour ne jamais payer le billet... En version originale, Yegg, c'est You can't win. Un livre de rédemption.

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