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The killer inside me

Littérature noire

Daniel Pennac : " je ne commence à écrire que lorsque j'ai toute l'histoire dans ma tête "

Daniel Pennac : " je ne commence à écrire que lorsque j'ai toute l'histoire dans ma tête "

En tournée " internationale " (il passe par plusieurs villes d'Italie !), Daniel Pennac joue tous les soirs son Journal d'un corps. Quatre vingt dix minutes drôles, touchantes, diablement écrites, dans la mise en scène aux petits oignons de Clara Bauer. L'écriture de Pennac est intelligente, jamais prétentieuse. L'homme est simple, bon et attentionné. Le type d'auteur aux antipodes du microcosme parisien. Dans un salon bastiais, il évoque un peu tout. Ou presque.

Ecrire Journal d’un corps était-il un risque littéraire, par sa forme, son sujet?

Je ne raisonne pas en ces termes. Quand j’écris, quand je suis dans le temps de l’écriture, je ne pense pas au lecteur. J’avais cette envie depuis longtemps et au début des années 80, lorsque j’ai passé deux ans au Brésil, j’avais écrit 300 pages sur le corps... Et puis lorsque je suis rentré en France, je les ai jetées : ce n’était pas bon. Dans les années 90, j’ai écrit Monsieur Malaussène qui était cette histoire d’un couple qui filme son enfant. C’était comme une ébauche. Et puis j’ai trouvé l’idée du journal, c’était la bonne forme romanesque.

Comment votre éditeur a-t-il accueilli cette idée ?

Antoine Gallimard est un copain et il a été de suite assez emballé. On en a discuté autour d’un repas. Puis, au fur et à mesure, de l’avancée du roman je lui faisais des lectures quand il venait à la maison. Je trouve assez important l’écho que me renvoient certains proches. Attention il ne faut pas ce soit mal intentionné ni trop complaisant. Mais juste professionnel, amical, voire technique. J’échange ainsi beaucoup avec Tonino Benacquista, sans soucis de concurrence. Il me fait lire des trucs à lui et moi de même.

L’idée de mettre en scène le texte est-elle venue de vous ?

Non. De Clara Bauer. Elle avait déjà mis en scène mon roman jeunesse L’œil du Loup... Les gens de théâtre ont des images qui leur viennent quand ils lisent un roman. Pour ma part, je sortais d’une lecture du Bartleby d’Herman Melville. Elle m’a fait des propositions, elle avait une idée sur ces lampes rouillées qui symbolisent les passages de la vie. Et puis aussi une table avec une pelouse... Le texte a évolué. Par exemple, je ne lis plus le passage sur la masturbation. Même si mon intention n’est pas de choquer, parce qu'il y a un ton avec lequel je le dis, elle pensait que ce n’était pas souhaitable dans la pièce. Mais il y a des passages que je voudrais rajouter ce soir, d’autres, donc, à raboter. On va voir.

Comment expliquez-vous ce succès en Italie, où vous jouez autant qu’en France?

C’est le même phénomène qu’en France. Les Italiens ont beaucoup aimé Malaussène. Bon, eux, sont beaucoup plus démonstratifs qu’en France. C’est très agréable en fait. Quand on est en Italie, il y a simplement des sous-titres.

Et que pensez-vous de l’adaptation illustrée de Manu Larcenet ?

Je le connais bien Manu.Il vient d'ailleurs de m’envoyer le nouvel épisode de Blast... Il a fait une première lecture du roman et il a eu un choc. Il l’a relu. Et il a commencé à faire des dessins. Il en a parlé à un ami commun, qui me l’a dit. J’ai appelé Manu, je lui ai avoué « tu fais ce que tu veux, c’est ta lecture, ta vision de mon roman. » Il en a fait un album d’illustrations génial, paru chez Futuropolis, qui est dans la maison Gallimard.

Quand on est sur les routes, comment trouve-t-on le temps d’écrire ?

Il faut que l’histoire soit finie dans ma tête. Tout. Je n’ai pas de mémoire, sauf pour ça. C’est quand j’ai mon idée, mon fil que je peux me consacrer à l’écriture, me préoccuper du style. C’est vrai que certains écrivains affirment ne pas connaître la fin de leur roman quand ils commencent l’écriture... Il y a différentes méthodes. Tonino (Benacquista), lui, écrit un premier jet à toute allure. Puis il revient sur le métier. Jean-Marie Laclavetine écrit une première phrase et, à partir de là, tout le roman suit. Avant cette première phrase, il n’a rien. En plus de ma mémoire, j’ai aussi des carnets dans lesquels je note quelques idées. D’ailleurs depuis des années, j’ai envie d’écrire un roman sur le foot.Quelque chose d’épique. Pour l’instant, je n’ai pas eu l’étincelle, l’idée qui me convenait. Mais je sais que ça va venir.

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