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The killer inside me

Littérature noire

James Ellroy à Quais du Polar : " je me réveille à trois heures du matin, je travaille.. et je me recouche "

James Ellroy à Quais du Polar : " je me réveille à trois heures du matin, je travaille.. et je me recouche "

Le roi sans partage du roman noir était en France le week end dernier à l'occasion de la 10e édition de Quais du polar, à Lyon, et pour la sortie de Shakedown (chez Rivages). Lea Earle Ellroy, dit James, 66 ans, a donné une dizaine d'interviews pour des journaux, effectué deux ou trois plateaux en direct pour la radio, multiplié les télés... L'homme, dopé au café, s'est aussi livré à quatre ou cinq séances de dédicaces de plus d'une heure, debout, sans oublier une conférence d'une heure, dimanche, à l'opéra de la capitale des Gaules. Il reçoit dans les salons cossus du Carlton de la capitale des Gaules : chemise à la Magnum, regard acéré, voix tonitruante. Le Dog n'est jamais fatigué.

« Je me sens en pleine forme et puis, chaque fois que je reviens en France, le contact avec le public devient de plus en plus agréable. Je crois vraiment que c'est parce que vous avez cette immense culture du roman noir. »

Qui était ce Freddy Otash, croisé dans la trilogie Underworld USA, que vous mettez en scène dans la nouvelle Extorsions, à vos côtés d'ailleurs, pour la première fois ?

« Quelques années seulement avant sa mort, en 1992, j'ai un peu connu Fred Otash, un ex-policier qui bossait pour le magazine de ragots Confidential. Je voulais travailler avec lui, sur ses souvenirs. Le problème, c'est qu'il participait aussi à un show télévisé où il balançait tout ce qu'il savait sur Marilyn Monroe, sur John F Kennedy. Il roulait des mécaniques, se faisait un max de blé, et il voulait s'en faire encore avec moi ! Mais ça n'a pas marché entre nous, je ne lui faisais pas confiance. Et si j'apparais dans la nouvelle, c'est pour faire le lien : il meurt pour que j'apparaisse. En fait, cette nouvelle, au départ, a été écrite pour une amie qui fait de l'édition numérique. Et puis François Guérif a voulu la sortir avec deux chapitres de Perfidia...

Vous avez la réputation de vous documenter consciencieusement, mais, dans Shakedown, Jean-Paul Sartre regardant un film porno à Los Angeles...

Ok, ok... Il y avait plein de fêtes de ce genre dans le Los Angeles de cette époque. James Dean était connu pour être un gay, il se faisait écraser des cigarettes sur le corps, on l'appelait le cendrier ! Ce sont des anecdotes authentiques. Alors, oui, j'ai un peu exagéré pour Jean-Paul Sartre mais pourquoi pas inclure un philosophe français ? Vous savez mon personnage de Donkey Don, Don le bourricot, non plus n'a pas réellement existé.

Travaillez-vous toujours avec des documentalistes ?

Oui, je fais d'abord mon synopsis, mon plan, et eux vont fouiller sur internet, dans les livres. Ensuite, je peux écrire très librement. Je n'ai pas d'ordi, je n'en veux pas donc il y a une dame qui tape tout ça sur son ordi. Moi, je me couche tôt, je me réveille à trois heures du matin, je travaille, puis je me recouche.

Perfidia est le premier volume du prochain Quartet (ou quatuor en français), Perfidia, drôle de nom...

C'est le titre d'une chanson très célèbre à l'époque où se déroule le livre, c'est-à-dire en 1941. La perfidie... cela colle bien au livre.Qui est sans doute ce que j'ai écrit de meilleur, de plus intime, la plus belle histoire d'amour en tout cas.

On lit dans les deux chapitres proposés un peu d'histoire irlandaise et beaucoup de rapports avec les Japonais.

C'était une époque de tensions dans le monde : les Irlandais face aux Anglais, les Allemands avec les juifs, les Mexicains avec les blancs à Los Angeles mais aussi les blancs avec les Japonais. Il y avait un quartier que l'on appelait le Little Tokyo. La communauté japonaise était importante, maltraitée, parquée dans le nord-ouest du pays, mais importante, ils étaient agriculteurs ou bien pêcheurs. Mais ils ont aussi beaucoup travaillé sur les chantiers routiers. Comme les Chinois. Perfidia ce sont les 23 jours qui ont précédé l'attaque sur Pearl Harbor, jour par jour. On retrouve Dudley Smith et Lee Blanchard du Dahlia Noir mais aussi Kay et même Elizabeth Short. Je reprends mes personnages, ; j'ai d'ailleurs dû me replonger un peu dans le premier quatuor mais là ils sont plus jeunes.

Le roman sort quand en France ?

Il est fini, vous l'aurez en mars 2015. Le deuxième aussi est quasiment fini, je dirai au 2/3. Et les deux derniers volumes sont dans ma tête, ne vous inquiétez pas.Je sais déjà que William H Parker, un policier qui a existé, sera le héros du troisième volume. J'ai annoncé huit ans pour faire ce quartet, j'ai toujours tenu les délais !

Avec toujours cette envie de lutter contre l'histoire officielle ?

Non. J'écris des romans, des fictions. A partir d'élements parfaitement prouvés mais avec ma façon, mon style, je n'ai pas l'intention de réécrire l'histoire. Si, comme j'en ai envie, je fais ensuite des livres sur la période la Guerre Froide, ce sera avec cette même approche.Pour l'heure, avec le quartet de Los Angeles, la trilogie Underworld USA et ce nouveau quartet, je couvrirai une période de trente et un ans de l'histoire américaine.

Quel type de succès rencontrez-vous aux USA ?

Je suis édité par les prestigieuses éditions Knopf depuis White Jazz. J'y suis, en compagnie de Chandler, Hammett, Higgins, Ross Mc Donald, Eric Ambler... Knopf m'a beaucoup aidé, beaucoup apporté, mais en France, je vends quand même le double de livres de ce que je vends partout ailleurs. Rivages fait un travail fabuleux.

Vous connaissez bien le roman noir, que lisiez vous plus jeune ?

Dashiell Hammett évidemment. Mais aussi Joseph Wambaugh, que j'ai pu rencontrer. Par contre, je n'ai jamais lu Jim Thompson, ça ne m'intéresse pas.

Comment avez-vous travaillé sur le film Rampart (avec Woody Harrelson) ?

C'est de la merde. J'ai écris le scénario et le réalisateur est passé derrière mois pour le réécrire totalement, en laissant mon nom au générique. C'est nul comme film, c'est vraiment de la merde.

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