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The killer inside me

Littérature noire

Hallali : Jim Thompson en douze actes et une victime... qui l'a bien cherchée (17)

Hallali : Jim Thompson en douze actes et une victime... qui l'a bien cherchée (17)

Revers tout aussi acide du Criminel, Hallali est sorti à peine un an plus tard, en 1954. Comme si Jim Thompson n'avait pas encore tout dit sur les lâchetés, les mesquineries, la beaufitude de cette Amérique de seconde zone. Comme dans Le criminel, Big Jim s'ingénie à multiplier les regards sur un fait divers, douze regards, douze personnages d'une petite cité balnéaire de la côté Est. Pas franchement la Côte d'Azur, plutôt, toujours pareil, le trou du c... du monde. Il y a le docteur, son fils, l'avocat, le musicien de jazz de la boîte locale, une chanteuse descendante du général Lee, un shériff, sa soeur et puis le jeune mari de la victime. Sans oublier, enfin, la victime, Luane Devore. Et parmi tout ce joli monde, pour Jim Thompson, personne à sauver...

Et la victime moins que les autres, sans doute. Vieille riche, toujours à se plaindre, à déranger son avocat et, plus que tout, à baver sur cette petite communauté d'un millier d'habitants. Luane Devore connaît des secrets, les distille comme de la bile. Peut-être même qu'elle invente certaines choses. Que la soeur serait enceinte du frère, par exemple. Bref, sa mort, quelque part n'est ni une surprise, ni un drame en quelque sorte. C'est la force de Hallali, de nous plonger dans un microcosme assez misérable intellectuellement, où les personnages que l'on croit estimables au premier abord se révèle faible, envieux ou truqueur. Ainsi cette canaille de Bobby Ashton, fils du médecin : " Père était parti voir quelques malades. Je jetai un coup d'oeil aux renseignements notés sur la fiche de Myra. C'était sa seconde visite. Elle avait des problèmes de menstruation - une broutille dont un bon coup de pied dans le ventre ou une bonne purge aurait suffi à la débarrasser. Mais père, ce philanthrope, ce sage disciple d'Esculape, lui avait prescrit une série d'injections d'hormones. "Jim Thompson nous dit clairement que Luane Devore va mourir, il lui donne la parole à son tour mais surtout il montre que chacun a bien au moins une raison de l'éliminer. L'argent n'étant pas la dernière de ces raisons évidemment.

L'ambiance, on l'imagine, est poisseuse, dans une ville qui n'attire plus guère de touristes, et le tour de passe-passe de l'auteur est prodigieux, sa peinture des moeurs américaines réellement vitriolée. Avec une critique féroce du qu'en dira-t'on provinciale, des normes ultra rigides d'une société quasi paralysée par ses croyances. La fin n'en est quasiment pas une, en tout cas, elle offre son lot de questions, laisse en suspens l'éventuel meurtrier. On ne vous en dit pas plus et pour vous convaincre de dévorer unz fois de plus ce Jim Thompson, voici l'avis éclairé du blogueur Ivan et d'Alexandre Clément.

Hallali, Jim Thompson, édition Rivages, 274 pages, 7, 95 euros.
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