Premiers pas dans le noir réussis pour Matti Ronkä

Premier livre traduit en France de Matti Ronkä, journaliste finlandais. Frontière Blanche (édition l'Archipel), publié en 2006, s'est, depuis, offert une jolie moisson de prix. Et notamment le Key Glass Award, récompensant le meilleur polar nordique. S'inscrivant ainsi après Mankel (1992), Nesbo ( 1998), Indridason (2003) et Stieg larsson (2006). On se doute bien qu'il y a eu d'autres auteurs moins prestigieux entre temps mais la comparaison est flatteuse. Sauf que Ronkä oeuvre dans un style différent et dans un univers différent. Et au final, c'est plutôt pas mal...

Il faut d'abord se mettre en tête la géographie de cette partie de Finlande. Ce golfe où les ferries croisent entre la Russie, l'Estonie et Helsinki. Un genre de carrefour maritime qui se transforme en supermarché des trafics : voitures, cigarettes, prostituées, téléphones mobiles, héroïne... Viktor Kärppä, Russe au passé militaire obscur, a une plaque de détective sur le mur de son bureau et c'est donc naturellement qu'un mari libraire vient le voir pour qu'il retrouve sa femme estonienne volatilisée.

Matti Ronkä ne s'embarasse pas de morale, il relate, il note, fait quasiment un travail de journaliste. Le lecteur se perd parfois sur l'identité de Kärppä, toujours prêt à donner un coup de main à quelques voyous locaux, mais l'auteur trouve les ressorts pour donner de l'épaisseur à ce personnage : il lui tricote une histoire d'amour, une relation forte avec sa mère. Et le libère de toute conscience : " ça me fait rire quand certains journaux affirment que le plus gros écart de niveaux de vie se situe entre le Mexique et la Californie. C'est faux ! Le plus gros ravin se trouve à la frontière finno-russe, à Värtsilä ! Dès que tu passe du côté de la commune de Ruskeala, en Russie, c'est la mendicité, la saleté, la tuberculose..."

Pour un premier livre, Ronkä installe un décor très original, assez riche. A suivre.

Frontière blanche, Matti Ronkä, ed. L'Archipel, 280 pages, 20 euros.