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The killer inside me

Littérature noire

Kobra : même un " petit " Deon Meyer fonctionne bien

Kobra : même un " petit " Deon Meyer fonctionne bien

C'est quoi ce carnage dans cette luxueuse guest-house, au coeur d'un domaine viticole, à proximité du Cap ? Et comment se fait-il que deux gardes du corps se retrouvent truffés de plombs, eux, les anciens flics ? Kobra, le dernier Deon meyer, commence ainsi et c'est plutôt excitant. L'auteur sud-africain ne s'embarrasse ainsi pas de préliminaires et ce nouvel opus se tourne délibérément vers l'action, le mouvement. Facile direz-vous dans un pays de cette taille... Avec, comme personnage principal, le chef Benny Griessel, premier policier sur les lieux et propulsé responsable de l'enquête. Un chef qui hallucine devant cette scène de crime, face aussi à la société qui emploie ces gardes du corps et enfin quand il apprend que la guest-house accueillait un ingénieur mathématicien anglais... spécialiste du pistage de blanchiment d'argent. Bien compliqué, tout ça.

Comme d'habitude chez Meyer, il y a ce souci de dénoncer les manipulations politiciennes, les conflits d'intérêts entre les différents univers, ici celui des banques et des mafias, mais aussi celui des services secrets et des gouvernements. Toute cette partie de Kobra est vraiment tournée efficacement, sans en faire des tonnes mais donnant ce sentiment recherché de paranoia, notamment lorsque l'équipe de Benny Griessel s'achète de nouveaux téléphones portables pour ne plus être écoutée par les autres services de sécurité. Ce n'est pas une nouveauté chez l'auteur mais on comprend une fois de plus à quel point la fameuse nation arc-en-ciel a le plus grand mal à s'installer dans la démocratie et à quel point les rêves d'hier se heurtent à la dure réalité du monde capitaliste.

Cette dure réalité, c'est Tyrone qui l'incarne. Le personnage est un peu caricatural, disons-le très vite. Le jeune pickpocket, issu des quartiers pauvres, qui volent pour payer les études de sa soeur, certes il doit y avoir du vrai mais cela n'a rien de vraiment original. Et c'est ce Tyron, en chippant, dans un portefeuille, une carte mémoire, qui va se retrouver avec un gang de tueurs à gages aux fesses. Pendant que les policiers traquent donc les tueurs de la guest-house, Tyrone, lui, négocie un échange : la carte contre sa soeur qui a été enlevée ! C'est parfois un peu difficile à avaler, ce face-à-face entre un pickpocket et des anciens de la Légion Etrangère, armés jusqu'aux dents. Mais Deon Meyer a beaucoup de talents pour ce genre de situations. Le brin de folie qu'il ne met pas dans certains de ses personnages, il le déniche dans les situations, basées sur des suspenses étirés, avec différents points de vue, différents angles. Un travail énorme sur le rythme. Donc, oui, ça fonctionne. Et l'ultime scène dans le train est tout de même franchement bonne.

D'accord ce n'est pas le meilleur Deon Meyer. On préfèrera L'âme du chasseur ou 13 heures. Mais absolument rien de honteux dans ce Kobra.

Kobra, Deon Meyer, ed. Seuil, 436 pages, 22 euros.
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