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The killer inside me

Littérature noire

Les premiers pas de Lorenzo Lunar à santa Clara

Les premiers pas de Lorenzo Lunar à santa Clara

" Jabao il est laid, mais s'il a la trouille il est encore plus laid. Pâle, le teint tirant sur le jaune, ses yeux lui sortaient des orbites comme un crapaud. - On a tué le vieux Cundo, il me dit ". En 2009, l'auteur cubain, Lorenzo Lunar publie son premier roman en France chez L'Atinoir, installée à Marseille. Déjà on y retrouve, les grands traits de ce qui fait la force tellurique de son oeuvre en cours : un huis clos dans son quartier de Santa Clara, une vie faite de putes, d'amis et de mauvais rhum, un meurtre triste dans une société où la violence est à peine contenue (et entretenue) par le parti.

Boléro noir à Santa Clara (traduction de Qué en vez del infierno encuentres gloria...) a le charme des premiers coups, c'est un peu inabouti, cela a une fraîcheur adolescente et on enjolive forcément le tout. Léo Martin vit déjà avec sa mère Fela et surtout il se sent prisonnier de son quartier ( " vivre dans ce quartier ça me fout vraiment trop les boules "), nommé justement là parce qu'il connaît tout le monde. Il est allé à l'école avec les 3/4 des mecs qui sont devenus soit clodos, soit as de la débrouille, il a aussi vécu, avec certains d'entre eux, la révolution communiste en Angola, armes à la main. Enfin, et encore une fois, Lorenzo Lunar n'a pas son pareil pour faire briller les plus vieilles des prostituées, véritables enseignantes de la maternelle du sexe à tous ces jeunes priapiques. Un vrai hommage féministe à ces dames pourchassées par le pouvoir.

Le meurtre de Cundo va être l'occasion d'une série de portraits saisissants, d'hommes et de femmes en prise avec la pauvreté, parfois la misère. On pourrait se dire que c'est typiquement cubain mais non, ça résonne ici aussi, toutes ces histoires de coeurs meurtris, de rêves de vies meilleures. Une dose énorme d'humanité et de simplicité.

Enfin, comment ne pas souligner l'hommage à Dashiell Hammett dans chaque titre des chapitres. Lorenzo Lunar s'inscrit effectivement dans cette tradition du noir, le flic seul, dans les bas fonds de son univers, aux prises avec le rebut de la société. Un rebut sur lequel il porte un regard pour le moins compatissant. Très bon Boléro même si le meilleur restait à venir.

Boléro noir à Santa Clara (trad. Morgane Le Roy), ed. L'Atinoir, 95 pages, 12 euros.

PS : merci à Encore du Noir pour le livre.

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