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The killer inside me

Littérature noire

Pour la gloire : l'héroïsme ricain dans le ciel coréen

Pour la gloire : l'héroïsme ricain dans le ciel coréen

Incursion dans la littérature blanche pour les besoins de l'émission sous amphétamines " Des livres et délires " de ce lundi matin, sur Radio Corsa Frequenza Mora (ici). Des amphétamines, il se disait que les pilotes de chasse en prenaient beaucoup pendant les conflits, lors de la Seconde Guerre Mondiale, au Vietnam. Et lors de la guerre de Corée ? Je ne sais pas. Et ce n'est pas James Salter dans Pour la gloire qui nous le dira. Le vénérable auteur américain (disparu en juin dernier), que je n'avais jamais lu jusque là (si c'était le seul !), voit, fin 2015, son tout premier roman enfin publié en France. Décidément la gymnastique éditoriale semble aussi impénétrable que les mystères de l'eau sur Mars...

Pour la gloire est un formidable roman sur l'héroïsme, sur la camaraderie, sur l'arrivisme et sur l'armée tout simplement. Mais attention ce n'est pas Full Metal Jacket. James Salter y conte ses souvenirs de pilote de chasse de l'US Air Force durant la guerre de Corée donc, au début des années 50. Un conflit, il est vrai, peu abordé dans la littérature mais on n'en apprendra pas des tonnes non plus dans ces 230 pages. Pour la gloire est un huis-clos sur la base aérienne où Cleve Connell, capitaine confirmé, vient de débarquer et se voit confier une escadrille. Comme tout Américain défendant la patrie et luttant au passage contre le communisme, il rêve littéralement de descendre des Mig russes dans le ciel coréen. Et comme cet univers est fait de légendes et de héros, il y entend rapidement parler d'un pilote russe craint comme le diable, Casey Jones, il croise aussi Imil, patron de la base, aux multiples victoires. Puis il y a Pell, un jeune pilote hyper doué qui vient d'arriver dans son escadrille et qui, déjà, joue des coudes pour arriver au plus haut niveau, Pell dont on ne sait s'il a abandonné son leader, s'il ment sur ses combats. De quoi ronger le sensible Cleve qui n'a pas la queue d'un Mig à se mettre sous la dent, pas une balle à tirer, pas d'ennemis à poursuivre.

C'est d'ailleurs ce qu'il y a de plus fou dans Pour la gloire : cette faculté à se perdre dans les cieux, dans l'immensité de ce terrain de jeu. Non seulement, les distances sont gigantesques mais elles sont encore multipliées par les différences d'altitude. Plus d'une fois, le lecteur se trouvera lâché dans une sorte d'infini bleuté, au-dessus d'un fleuve, d'un réservoir, sans plus de points de repères...

Sans être trépidant, foncièrement psychologique, ce premier opus de James Salter est un excellent récit d'aventures, d'émotions et de bravoure. Pour la gloire donne, pour qui n'est pas un indécrottable hippie, véritablement le goût de la chasse et l'envie de (re)découvrir l'oeuvre de Salter.

Pour la gloire (trad. Philippe Garnier, ed. L'Olivier, 240 pages, 21 euros.
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