Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
The killer inside me

Littérature noire

Zack : n'est pas Jo Nesbo qui veut

Zack : n'est pas Jo Nesbo qui veut

Zack est beau. Il est jeune. Il est fort. Et il est flic dans l'Unité Spéciale de Stockholm. Hanté par l'assassinat de sa mère, policière avant lui, il chasse ses démons avec quelques rails de coke que lui procure opportunément son pote d'enfance Abdula. Mais il a un autre démon à trouver : celui qui vient de trucider, au Beretta semble-t-il, trois prostituées vietnamiennes. Une exécution dans les règles. Zack, avec son binôme Deniz, a mis la main sur un témoin assisté mais celle-ci revient quelques heures plus tard, les jambes horriblement croquées par des bêtes sauvages ? Est-ce le gang de bikers ? Un groupe d'extrême droite ? Ou la nouvelle mafia turque ?

Zack, co-écrit par Mons Kallentoft (auteur de la successful série des Quatre Saisons) et Markus Lutteman est LA grosse sortie de la Série Noire en ce mois de janvier 2016. Grosse communication dans les journaux, gros espoirs aussi. Pourtant, quelle déception. Les deux auteurs multiplient les caricatures et les extravagances.

La première caricature, c'est Zack lui-même. Le lecteur n'en peut plus de ces flics, ces détectives, ce que vous vouez mais qui mènent l'enquête et qui ont toujours cette faille grossière. C'est d'un déjà-vu ! Quand ce n'est pas le diabète, c'est l'alcoolisme, le cholestérol... Ici Zack est junkie. Et il est dans une Unité Spéciale. Le moindre téléspectateur noctambule a vu et revu les sessions d'entraînement du GIGN, du SWAT... Cocaïnomane dans un groupement pareil, c'est juste dur à croire. Premier point. Ensuite, le coup du beau gosse irrésistible, d'accord. Mais qu'il y aille à fond. Pas simplement des oeillades ! On veut des vrais, des salopards.

L'autre caricature, c'est quand même le méchant turc, sorte de Kayzer Söze, que personne n'a jamais vu, que personne ne connaît mais dont le nom est prononcé avec peur. Et puis - attention spoiler ! - il y a encore le flic qui montre la photo de son troisième enfant à tout le monde et oh ! qui, qui dix minutes après, se fait tuer dans l'assaut....

Dans les extravagances, il y a le chef des bikers qui balancent tout, comme ça, à la police. Peu crédible quand on connaît la puissance de feu de ces gangs qui n'hésitent pas à se tirer dessus en public, quand on se souvient des bastons Hell's - Bandidos, ça fait bizarre. Autre extravagance, l'astuce de Zack pour, à la fin, ne pas partir avec son équipe " j'ai laissé mon arme à l'hôpital " ! Et tout le monde y croît. Puis Abdula, appelé à la rescousse. Enfin, d'autres détails comme ces Birmanes qui, d'un coup, parlent anglais... Tout cela manque de sérieux.

On peut reprocher aussi aux auteurs d'utiliser les italiques pour entrer dans la tête des personnages, un sous-titre inutile, qui prive le lecteur de son interprétation, du genre quand Zack pense à sa mère : " as-tu eu peur maman ? ou n'en as-tu eu pas le temps ? as-tu pensé à moi ? " On frôle le ridicule.

Zack n'est pas sans me rappeler Les infâmes de Jax Miller, des situations, des personnages exagérés, aucun soucis de cohérence, sur le principe du héros blessé qui parviendra à ses fins. Ce qui est curieux finalement, c'est que la Série Noire soit l'éditeur. Nous sommes là très loin d'un DOA à la précision chirurgicale, d'un Eric Maravélias ou d'un Frank Bill, pétris de réalisme. Oui, ce Zack voudrait être dans la veine des Jo Nesbo. Peut être. Mais ce n'est pas gagné.

Zack (trad. Frédéric Fourreau), édition La Série Noire, 448 pages, 20 euros.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article