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The killer inside me

Littérature noire

San Pedro, la nuit : Wambaugh n'a plus grand chose à dire

Joseph Wambaugh a été un policier de Los Angeles pendant plusieurs années, de la fin des années

60 à 1974. Une expérience qui a été l'essence même de son oeuvre littéraire dont le fameux Les nouveaux centurions, gros succès et curieusement plus réédité. Et puis au début des années 2000, il a entamé une belle série sur le commissariat d'Hollywood. C'était d'abord très drôle, très direct, avec une sorte de complicité avec les équipes de nuit, leurs missions compliquées ou pas, avec les putes, les petits voleurs, les trans, les camés, les clochards... Une image incroyable du Hollywood nocturne. Wambaugh avait par ailleurs l'intelligence d'introduire de grandes tranches de vie intime dans tout cela et ça fonctionnait vraiment bien. Après trois tomes au Seuil, le quatrième et cinquième opus de la série sont parus chez Calmann Levy, sous la houlette du traducteur de Wambaugh, Robert Pein. Mais voilà, San Pedro, la nuit (2013), ultimes tribulations policières de la série, sonne clairement la fin de ces histoires.

L'auteur, comme il l'explique dans ses remerciements, se contente quasiment d'enfiler une série d'anecdotes racontées par ses nombreux ex-collègues. Des trucs plus ou moins marrants, souvent cocasses. On retrouve les personnages Le Bris et Le Débris, et aussi Nate, le policier qui voulait devenir acteur. Et l'auteur de reprendre, pour ceux qui n'auraient pas lu les épisodes précédents, les bastons entre personnages de films, ces hommes déguisés en Spiderman, Iron Man et autres, prêts à tout, sur Hollywood Boulevard, pour faire une photo avec les touristes. Sauf que le lecteur ne s'y retrouve pas du tout dans l'histoire, elle-même, de ce roman. Très maladroit dans sa narration, c'est une enquête sur un réseau de prostitution venu d'Asie, avec comme départ une histoire de fascination pour les amputés, une anecdote d'abord expliquée par un sergent de la brigade des moeurs et puis lourdement réexpliquée, quelques pages plus loin par les tenants de ce trafic. A cela, se substitue une histoire d'amour bourrée de clichés, de guimauve dont on voit l'issue à deux kilomètres avec deux grosses flèches en néon qui indiquent "voilà la fin ! ". Bref, on s'ennuie ferme. Et on passe sur la traduction, cette fois, hasardeuse, du genre "graffiteurs" au lieu de graffeurs. Dur, dur.

Enfin, il y a un truc un peu gênant, c'est cette volonté de Wambaugh de disculper absolument les flics d'Hollywood de toute bavure raciste. Le melting pot de ce commissariat semble bien gentil, sous tous rapport. Et c'est, à la fin, un peu gênant. L'auteur a-t-il tout dit ?

San Pedro, la nuit (trad. Elsa Maggion), ed. Calmann Levy, 368 pages, 21, 50 euros.
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