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The killer inside me

Littérature noire

Tue moi : le charme old school du hitman

Comment rendre un tueur à gages sympathique ? Il faut demander à un vieux de la vieille, Lawrence Block, qui revient cet automne avec son méthodique flingueur Keller. Après la série Bernie Rhodenbar poursuivie l'an dernier par le délicieux Le voleur qui comptait les cuillères (ici,) il s'agit cette fois d'un des troisièmes personnages phares de l'auteur. Il y a eu Hit Man, Hit List, cette fois c'est donc Hit Me.

Une poignée de nouvelles pour décrire la vie pépère d'un tueur à gages, que beaucoup pensent mort mais bien installé, sous une nouvelle identité, dans sa vie de famille à La Nouvelle Orléans, avec femme, petite fille, entreprise de rénovation (certes un peu en chute libre) et un hobby envahissant : la philatélie. Plusieurs contrats à réaliser : un prêtre (bonjour la provocation), une épouse en pleine séparation, un homme sur un bateau... Chaque fois Keller, froid comme une tonne de neige au sommet de l'Himalaya, fait face à des contrariétés et s'adapte aux situations, contourne des difficultés à priori ingérables. Surtout, il profite de ces contrats pour enrichir sa collection de timbres et se fournir, éventuellement, un alibi.

Evidemment c'est très drôle. Lawrence Block s'amuse, joue avec le lecteur, l'air de dire "et là si je fais ça ?". C'est particulièrement vrai lorsqu'il s'agit de refroidir ce type pendant la croisière... Il y a aussi un passage marrant, prvate joke, lorsque Keller assure n'être jamais allé à Buffalo, même pour voir les chutes du Niagara... quand on sait que l'auteur y est né. La forme de la nouvelle permet à Lawrence Block de varier sans limite ses histoires, y compris de varier les personnages rencontrés, surtout les femmes tentatrices, et d'ajouter ainsi un peu plus de chair à son tueur, toujours plus humain, plus... banal. La série Keller est sans doute plus rébarbative que Scudder ou Rhodenbarr, plus répétitive, mais grâce aux timbres, Block fait voyager dans l'espace, en Turquie, en Martinique, mais aussi dans le temps, de la Guerre de Sécession, à la Première Guerre Mondiale. De ce point de vue, c'est remarquable de précision. Tue moi, un charme old school appréciable.

Tue moi (trad. Sébastien Raizer), ed. La Série Noire, 323 pages, 19 euros.
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