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The killer inside me

Littérature noire

Dr Knox : misère et magouilles sur ordonnance

Qu'est ce qui est justice ? Vous êtes docteur, une femme en fuite vous confie son enfant mais cela met en péril non seulement votre intégrité physique mais celle de vos collaborateurs dans votre dispensaire. Alors, préférez-vous livrer l'enfant et la mère ?
Dr Knox de Peter Spiegelman propose, pour changer, un polar qui a pour personnage principal, le toubib du titre. Après des années de médecine de brousse, notamment en république Centrafricaine, il a choisi d'ouvrir son dispensaire dans le quartier de Skid Row à Los Angeles. Autant dire que les patients ne viennent pas en Bentley : "il y avait eu la sinistre procession des sans-abris.Sous des couches sédimentaires de vêtements en voie de putréfaction, j'avais découvert trois pneumonies, une conjonctivite, une diarrhée, quatre infections à staphylocoque, deux infestations de poux, des blessures par couteau, des contusions..."
Il y a un certain classicisme de la narration dans Dr Knox, la mère, une prostituée roumaine est recherchée par son mac russe, l'enfant, tandis que le fils est attendu par un puissant homme d'affaires californien. Pour se dépêtrer de tout ça, Dr Knox, bon anti-héros amateur de bière, est soutenu par son pote Sutter, ancien Seal, reconverti dans la sécurité, les services discrets aux notables de la ville. Tout cela n'est pas nouveau, nouveau. Mais la grosse différence c'est tout de même, l'angle politique du roman qui parle ouvertement des milliers de pauvres qui errent à Los Angeles, première ville américaine pour les SDF. On a encore en tête ces images tournées en voiture d'une suite sans fin de tentes, de cabanes, de bout de plastique, sur les trottoirs de la cité. Et Peter Spiegelman en parle avec tact, pudeur. Il parle aussi de son Dr Knox et, à travers lui, des centaines de travailleurs sociaux qui luttent contre la misère aux USA. Il balance ainsi quelques scènes quasi journalistiques sur des moments avec ses parents médecins, sur des interventions en Afrique, au dispensaire... Un toubib qui se requinque en fumant un petit joint sur la terrasse de son immeuble. Et en s'opposant, dans une attitude quasi suicidaire, à la violence à fois du Milieu et à celle des cols blancs... qui se révèlent pas si immaculés évidemment.
Bon roman noir, au ton très juste et au décor inattendu, Dr Knox est plus qu'un plaisir de lecture, c'est un cheminement douloureux et crasseux dans un Los Angeles, où les ordures ne sont pas ceux qui dorment sur le sol.

Dr Knox (trad.Fabienne Duvigneau), ed. Rivages, 441 pages, 23 euros.
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