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The killer inside me

Littérature noire

Sirènes : Manchester United Héroïne Club

Les sirènes, ce sont ces trois femmes qui vont causer la perte de Aidan Waits, jeune flic de la Criminelle à Manchester. Trois femmes impliquées dans le trafic de came, d'héroïne surtout, qu'organise savamment Zain Carver, petit parrain de la cité. Il y a Sarah Jane "beauté cruelle" qui fait portier et veille sur le Maître, connaît tous ses secrets. Et puis il y a Catherine, une "fille à part", encaisseuse pour Carver dans les pubs qui lui appartiennent. Enfin, il y Isabelle Rossiter, 17 ans, fille du secrétaire d'Etat à la Justice. Lequel vient de demander à Aidan Waits de la protéger d'elle-même, de la ramener éventuellement à la maison. Waits, lui-même aux prises avec les amphets, a une enquête interne qui lui colle au cul depuis qu'il a fauché de la coke dans le bureau des pièces à convictions. Son supérieur le démet de ses fonctions pour lui permettre de mieux pénétrer le monde de Zain Carver et pourquoi pas répondre aux attentes du ministre Rossiter.
Polar très noir, Sirènes, première oeuvre de l'Anglais Joseph Knxx, répond à tous les codes du genre : intrigue à triple tiroir, violences physiques entre hommes mais surtout sur les femmes, rivalités entre criminels, errances urbaines, drogues diverses et en surconsommation... Alors qu'est ce qui pourrait faire l'originalité de ce roman ? La présence des femmes justement, au coeur d'un trafic de stupéfiants, sans en être, loin s'en faut, les cerveaux, elles en sont les rouages et les victimes à divers degrés. Prisonnières d'un milieu qui ne peut pas tolérer les faibles, un monde cannibale où, malgré leur beauté, leur intelligence, elles vont se faire broyer. Knox a vraiment ce regard sensible sur Isabelle, Sarah Jane, Catherine mais aussi sur cette fille disparue depuis dix ans, après avoir voulue témoigner contre la Franchise, le système mis en place par Carver.
Parfois, c'est aussi un des codes du genre, le lecteur se perd dans les pistes avec la multiplication des personnages secondaires, de Grip, à Kernick, Laskey, Riggs, Neil, White, le Virus... mais on retombe sur ses pieds, un peu secoué, déstabilisé par tant de sales coups, de tabassages, de meurtres aussi. Manchester est violente, dure, il y a une forme de fatalité, d'impossibilité à circonscrire l'énormité, la complexité de ce trafic.
Sirènes n'est sans doute pas le polar de l'année mais il demeure un très bon roman du genre, bien construit, avec une sale ambiance, un sacré décor nocturne. Forcément, on attend la suite des oeuvres de Joseph Knox.

Sirènes (trad. Jean Esch), ed Le Masque, 382 pages, 21, 50 euros
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