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The killer inside me

Littérature noire

La peau du papillon : l'amour et la mort dans Moscou

Jouir de la douleur, dans la douleur. Eros et thanatos Le thème n'est pas nouveau pour le genre thriller qui a usé jusqu'à la corde le personnage du serial killer sadique. Sergey Kuznetsov propose toutefois quelque chose de sensiblement différent avec La peau du papillon.
D'abord parce que son serial killer alterne les moments de folie assassine avec des instants de réflexion sur son parcours, sur ce qui l'a amené à torturer ainsi des femmes dans sa cave de Moscou. Parce que oui cela se passe dans la capitale moscovite et ce n'est pas le moindre des attraits de ce roman. Une ville congelée, remplie d'ambitieux et d'ambitieuse. Parmi lesquelles la jeune Xenia, 23 ans, chef du service d'actualité dans une petit journal en ligne. Elle aussi a découvert les vertus de a douleur à travers une pratique régulière du Bondage Soumission Sado Masochise. Pas dans les clubs, les soirées mais chez elle, avec un amant ou alors seule, sur le bord de sa baignoire, avec une lame de rasoir... Arriviste, Xenia, avec le soutien de sa meilleure amie, va consacrer une page web au serial killer moscovite, faire le bilan de ses victimes, le point sur l'enquête, solliciter un psychiatre...
Roman très riche, plutôt original, La peau du papillon offre une réflexion sur le  piment de nos vies, sur nos sexualités au XXIe siècle. Avec de remarquables portraits de femmes moscovites, bien plus solides, lucides que les hommes croisés dans ces pages. En terme d'étude sociologique, ce n'est certes pas du Edgar Morin, mais Kuznetsov se permet de prendre le lecteur par le coude et de lui montrer autre chose, appuyé sur une narration au cordeau qui, si l'on ne s'y ennuie pas un brin, ne verse jamais dans le spectaculaire, mais jonglant entre les pulsions sexuelles et les envies de meurtre. Oui Kuznetsov nous fait voir que l'anormal est la norme finalement.
Et pour les amateurs de thrillers, qui aiment trembler devant les atrocités d'un tueur, l'auteur russe fait preuve d'une sordide imagination, saupoudrée d'un humour noir appréciable. Le passage où ce serial killer commence son délire "c'est bon de tuer au printemps" est vraiment jubilatoire. Très bon moment et authentique découverte. C'est peu de dire que l'on attend des prochaines nouvelles de cet auteur.

La peau du papillon (trad. Raphaelle Pache), ed. La Série Noire, 470 pages, 22 euros.
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S
Je vous remercie pour votre revue. <br /> Nous faisons un petit exposé ce vendredi, où l'actrice Dinara Drukarova ("Trois souvenirs de ma jeunesse", "Gainsbourg, vie héroïque" etc) lira des extraits du livre et en signerai plusieurs copies.<br /> Bienvenue!<br /> <br /> http://www.librairieduglobe.com/events/event/rencontre-avec-l-ecrivain-sergey-kuznetsov/
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