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The killer inside me

Littérature noire

Du bruit sous le silence : plaquage au calibre 9 parabellum

Elie Verlande est un commissaire ch'ti au coeur de Toulouse. Un gars un peu morose, qui se branle régulièrement dans un mouchoir que sa mère, qu'il déteste, remplace régulièrement sous son oreiller. Un vieux garçon qui se voit confier l'enquête sur l'assassinat du capitaine du Racing, le club de rugby de la ville. Joueur adulé, vénéré. Le bonhomme s'est fait shooter alors qu'il se rendait à vélo à l'entraînement. Qui peut autant en vouloir à un sportif ? Verlande se voit adjoindre les services de Benoît Terrancle, capitaine de police, ancien rugbyman prometteur, bringueur et dragueur. Les coéquipiers de la victime sont vite soupçonnés par le commissaire, persuadé qu'il s'agit d'une question de jalousie, de place à prendre. Mais très vite, Verlande découvre que, non, le monde du rugby ne nourrit pas ce genre de sentiments. Bien au contraire.
Du bruit sous le silence, c'est Pascal Dessaint qui débarque dans le Sud Ouest. Comme son personnage principal, il découvre la ville, la région, la culture. Et tente de comprendre. L'auteur beaucoup de lui-même avec un personnage qui s'appelle comme son frère, Eusèbe, et puis un certain Claude Mousplède. Parfois, c'est vrai, les descriptions de rugby sont un peu longues, genre le XV pour les nuls. Le lecteur peut s'étonner que le commissaire n'ait pas eu plus d'intérêt pour ce sport en posant ces valises dans cette ville, ne serait-ce que professionnellement. Peu importe. Ce qui donne l'impulsion du roman, ce sont les ces deux flics. Verlande ! Mais quelle horreur de vie, quelle tristesse, quel gâchis. Même s'il est intelligent, sa froideur, sa dépression, en font un être sombre, au bord du gouffre. Comme Terrancle, pourri par des secrets, des conneries pas assumées, un amour violent pour la femme de la victime. Les dernières pages de Du bruit sous le silence sont d'une rare efficacité, violente et immorale. Pascal Dessaint n'a que 35 ans lorsqu'il écrit ce roman mais c'est déjà son dixième. Et on sent bien la maîtrise de la narration malgré un sujet vraiment casse-gueule. Cette volonté, aussi, de ne jamais écrire la même histoire. Enfin, il y a quelque chose d'historique à lire ainsi les débuts professionnels d'un sport. Cela semble bien loin.

Du bruit sous le silence, ed. Rivages,  340 pages, 8 euros.
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