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The killer inside me

Littérature noire

Le ciel par-dessus le toit : c'était une chouette idée

Comment aimer ses enfants ?, Natacha Appanah tente, avec Le ciel par-dessus le toit, d'emporter son lecteur dans cette histoire de famille déchirée, ces parents qui aiment trop ou ne savent pas aimer, dans un milieu où l'on travaille de ses mains et où, parfois, le coeur s'exprime avec difficulté.
Eliette à onze ans et est belle comme un coeur. Pour ne rien gâcher, elle possède un timbre de voix envoûtant qui fait d'elle la reine de la fête de fin d'année à l'usine de son père. Cela fait maintenant quelques années que sa mère la pomponne, la maquille pour cette soirée si spéciale, sous les yeux du directeur de l'usine bien sûr, des autres ouvriers mais aussi ce soir, d'un journaliste de la presse locale. Mais dans les coulisses, il y a cet homme "Jean ou Gérard" et il attrape le visage d'Eliette pour l'embrasser violemment avec la langue... La poupée est brisée, la poupée va tout envoyer en l'air. Plus grande, rebaptisée Phénix, couverte de tatouages, elle est mécanicienne dans un garage de pièces détachées. Aux antipodes du modèle parental. Elle a deux enfants. Paloma, la grande, mutique, discrète et Loup, rêveur et indomptable. Un jour que sa soeur lui manque trop, Loup prend la voiture de sa mère, sans permis, et veut rejoindre Paloma, provoquant un accident, plusieurs blessés. Pour toute la famille, ce sont des souvenirs qui remontent à la surface, des cicatrices...
Roman très court, Le ciel par-dessus le toit souffre avant tout de personnages caricaturaux. Eliette, devenue Phénix (OK pour le changement), Loup, l'enfant incontrôlable, jusqu'aux parents, même s'ils sont parfois dessinés avec justesse : "il faut imaginer Georges Eviard, cet homme debout dans le courant d'air, à côté du marchand de journaux et qui à chaque fois que les portes automatiques du hall de la gare se referment, croise un instant son reflet avec indifférence. Il porte un pantalon de velours marron, une chemise bleue, une polaire grise bien épaisse, une casquette noire. Il pourrait rester là des heures et personne ne le remarquerait, il le sait." L'auteure veut écrire un conte donc forcément les traits sont grossis. Et ce qui ne marche pas forcément c'est aussi la vision de la prison pour enfants et le fait que le jeune Loup, mineur, soit incarcéré immédiatement alors qu'il n'a finalement commis qu'un accident de la route, sans morts. Que l'on contourne la réalité, volontiers, mais là ça coince. De même le personnage du docteur reste difficile à saisir... Un peu dommage car le sujet était passionnant et Natacha Appanah réussit quelques belles pages. Sur 125 pages, il faut être un peu magicien pour faire entrer une histoire si ambitieuse et un style qui sonne parfois forcé.

Le ciel par-dessus la tête, ed. Gallimard, 125 pages, 14 euros
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