Sugar run : holy schiste en Virginie occidentale

Roman noir féminin sur la rédemption, Sugar Run emprunte plusieurs chemins qui, hélas, ne mènent pas forcément à bon port. On y trouve ainsi le scandale de l'exploitation du gaz de schiste. Et puis le retour du personnage central sur la terre ancestrale de sa famille en Virginie occidentale. Il est aussi question d'amour entre femmes. De trafic de drogues diverses. Des thèmes, des idées, qui semblent balancés sur le papier sans être forcément poursuivies. Pire, on redoute parfois l'ennui tant l'auteure, Mesha Maren, glisse parfois sur le piège des convenances ("le moteur du pick up déchirant la nuit silencieuse...une fois de plus, la bête immonde se réveilla...").
Pour faire court, Jodi sort de prison après 18 années derrière les barreaux pour un crime que le lecteur découvrira petit à petit. Son rêve est désormais de vivre sur la terre que sa grand-mère lui a léguée à sa mort. En chemin, elle embarque Miranda, dont elle s'amourache, et ses trois petits garçons. Mais Jodi a un autre souhait, une promesse qu'elle veut tenir, sortir Ricky, le frère de son ex, des griffes de ses parents complètement demeurés. Tout ne va pas fonctionner comme sur des roulettes. Le terrain a été revendu, il n'y a pas de boulot, Miranda continue de prendre des amphets et les compagnies de gaz de schiste empoisonnent l'eau du robinet... y a même le toit de la cabane qui fuit.
On aurait bien voulu s'attacher à Jodi mais elle manque, comme les autres personnages, d'un peu de chair, de quelque chose d'attrayant. Ou de réaliste. Son histoire d'amour avec Miranda, pour une fille qui vient de passer 18 ans à l'ombre, semble un peu rapide, ou artificielle. Même Ricky a du mal à se faire une place dans cette histoire.
Bref, c'est du roman noir rural un brin poussif.

Sugar run (trad. Julian Nivelt), ed. Gallmeister, 479 pages, 23, 60 euros