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The killer inside me

Littérature noire

London lost music venues : petites et grandes histoires de pubs, de salles

Beau bouquin sorti cet été chez Damaged Goods, London lost music venues retrace, comme son nom l'indique, toute l'histoire, ou presque, des pubs et salles de concerts aujourd'hui disparus à Londres. Et il y a en un joli paquet. C'est d'ailleurs l'une des tristes morales de ces 230 pages : la culture populaire, la culture de concerts, spontanée et créative, a progressivement disparu dans la capitale britannique (et ailleurs). Là où des scènes d'une richesse unique accueillaient les débuts des Who, des Pogues, des Stones, de Dylan, Hendrix... il y a maintenant des appartements, des boutiques de paris, de fringues, des routes. Grosso modo, le business pur a vidé Londres de son essence. Certes ce n'est pas un scoop. Comme à New-York, les édiles voulaient une ville plus clean, plus calme, plus lisse. C'est fait.


Alors par où commencer le chapelet des anecdotes sentant la sueur, la bière et la révolte ? Le Red Cow, du côté d'Hammersmith. C'est ici qu'AC/DC, en 1976, joua son tout premier concert hors d'Australie. Eh oui, un pub ! C'est là aussi que Sting joua, par contre son dernier concert avec Last Exit avant de rejoindre Police. Qui joua sous ce nom pour la première fois au Railway en mai 77 avec Skrewdriver en première partie, groupe punk qui tourna neo-nazi quelques années plus tard. Toujours dans l'ouest de Londres, le fameux Nashville ! Vrai spot punk à la fin des années 70. Et en 1976, les Sex Pistols jouent en première partie des 101ers, groupe plutôt pub rock. Parmis les musiciens de ce groupe, l'un d'entre eux sera époustouflé par le show de la bande à Johnny Rotten et rejoindra une autre groupe punk semaines plus tard... Joe Strummer. On trouve aussi dans le coin l'Ambrough Tavern, pub qui fut attaqué en 1981 par une centaine de personnes d'origine pakistanaise, furieuse de l'organisation d'un concert de oi, avec The Business, The Last Resort et 4 skins
Au sud-est de la ville, il y avait le fameux Greyhound où Status Quo, Motorhead, Black Sabbath ont joué. Queen aussi à ses débuts, et Freddie Mercury se fit d'ailleurs un peu bousculé pour avoir fracassé le piano du club. Le Green Man, sur Dartmouth road, a son lot d'histoires parmi lesquelles celle-ci : The Konrads sont à l'affiche un soir de 1963 et le chanteur se blesse sérieusement en coulisses. C'est au jeune saxophoniste de 16 ans de prendre le micro : David Bowie qui chantera donc pour la première fois. Autre anecdote, au Half Moon cette fois, quand en 1970, Franck Sinatra, après un concert, débarque au pub tenu par l'un de ses anciens chauffeurs et offre un tour de chant inédit. En 63, les Who jouent en première partie des Stones au Glenlyn Ballroom. Townsend avait noté, sur un précédent concert, que Keith Richard faisait de super moulinets avec sa main droite. Et pis il s'aperçoit que, finalement, il ne le fait plus. Townsend s'empare du geste pour la première fois au Glenlyn... copieur !
Au nord cette fois, il y avait le Railway Hotel (ne pas confondre avec l'autre pub de l'ouest). Là, dans ce pub, comme groupe résident se trouvait les High Numbers, premier nom des Who, encore une fois. C'est ici qu'un soir Pete Tonwsend, toujours lui, pète pour la première fois son manche de guitare... un truc qu'il ne manquerait pas de répéter ensuite. Aujourd'hui, un groupe d'immeubles à remplacer le pub : l'un s'appelle le Daltry House (oh la faute !), l'autre le Moon House. Du coté de Euston Square existait le Zombie Club qui a vu, en 1991, le tout premier concert anglais de Green Day. Billy Joe Armstrong vendait lui même les disques du groupe sur les marches du club ! Et le Manor House du côté de Finsbury. Un pub légendaire construit en 1832 qui a vu Hendrix, Rod Stewart, John Mayall. Un soir de 1965, les Who - décidément partout -  jouaient là et l'ambiance était tellement bouillante et suffocante que Keith Moon s'évanouit et fut sorti de la salle par les fenêtres. Toujours au nord, le Fishmonger Arms mettait à l'affiche les Kinks,, Led Zep, Pink Floyd, Cream et servait aussi de salle d'audition et c'est Elton John qui échoua, ici même en 1967, à rejoindre le groupe de jazz The Mike Cotton Sound.
A l'est, il faut bien sûr se souvenir du Ruskin Arms, célèbre pour avoir accueilli au moins 24 fois Iron Maiden dans ses premières années. Mais dans ce coin de Londres c'est surtout le Upper Cut Club qui fait partie de la légende des nuits de la ville : les Kinks, Stevie Wonder, Booker T, Nina Simone, Jeff Beck ont grimpé sur cette scène qui fut aussi un cinéma, une salle de roller. C'est ici, dit on, que Jimi Hendrix, en bascktage un soir de décembre 1966, écrivit Purple Haze. Si ça c'est pas l'Histoire.
Evidemment le coeur de Londres regroupe le plus grand nombre de clubs, salles et bars. Par exemple, le Beat Route, à Soho, a été le point de chute de Madonna en 1983 lors de sa première tournée internationale. Il y a le Marquee, sous ses trois adresses, qui a été pour beaucoup dans la notoriété de Londres comme capitale musicale. Les Stones, à six, y ont joué un de leurs leur tout premier show (après le Ealing Club en janvier 63), parait-il devant un public indifférent. Dans les années 70, toute la crème y est passé, de ZZ Top à Motorhead, The Damned, Buzzcoks, The Cure, Joy Division, les Clash... le club rouvrira à Charing Cross pour huit ans de 1988 à 1996. A Covent Garden, le célèbre Studio 51 a d'abord été un grand club de jazz puis s'est tourné vers le blues, le rock. Au début des années 60, les Stones y sont résidents et jouent tous les dimanches après-midi. Lennon et McCartney y accostent le manager du groupe et demandent à être présentés. Puis offrent I wanna be your man aux Stones. Cette chanson sera leur première à entrer dans le TOP 20. C'est aussi au Club 51 qu'Eric Clapton est monté pour la première fois sur scène avec les Yardbirds en 63. La même année, Rod Stewart, alors harmoniciste et second chanteur, y jouait avec le Jimmy Powell and the five dimensions. Le Bunjies Coffee House a vu Bob Dylan débarquer en 1962 en tant que spectateur. Il a pu chanter deux chansons mais s'est fait mettre dehors quand il a insisté pour continuer ! En 1994, c'est Jeff Buckley, à l'affiche, lui, qui est monté sur scène. Le club fermant à minuit, il a pris sa guitare et ses fans pour continuer le concert un peu plus loin au 12 Bar Club. L'un des 100 concerts qu'il fallait voir dans sa vie selon le NME.

Avec une centaine d'adresses référencées et des milliers d'anecdotes collectées - et vérifiées - Paul Talling, lui-même oiseau de nuit, a effectué un formidable travail d'historien, d'archéologue. Ce livre est une mine d'infos tout comme il est un gros coup de nostalgie ou de regrets, selon que l'on ait vécu ou pas ces différentes époques quand pour quelques livres on pouvait s'offrir des concerts de légende.

London lost music venues, ed. Damaged goods, 225 pages, 15 livres.
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