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The killer inside me

Littérature noire

Pendez-moi haut et court : millésime 48 du noir US

Gérant d'une pompe à essence, partageant son temps entre le boulot et la pêche, là-bas, dans l'Est de la Californie, proche du lac Tahoe, Red Bailey vit même un beau brin d'histoire d'amour avec Ann, plus jeune d'une dizaine d'années. Mais voilà que ses anciens "amis", dont l'ex-flic Guy Parker en couple avec une ancienne petite amie, le retrouvent et le chargent d'un job qu'il ne peut refuser. Cambrioler un avocat new-yorkais, une petite affaire de quinze jours, le temps de préparer le coup. Dans la Grosse Pomme, Bailey rencontre la secrétaire de l'avocat qui doit l'aider à repérer les lieux. Mais quand, un soir, il entre enfin par effraction, l'homme de loi est au sol, assassiné. Le piège se referme sur Bailey. Les journaux s'emparent de l'affaire.

Sacré roman noir de Geoffrey Homes, plus connu sous son nom de Daniel Mainwaring, prolifique scénariste d'Hollywood à qui l'on doit notamment L'invasion des profanateurs de sépultures. Pendez-moi haut et court, publié aux Etats-Unis en 1948, transpire le fatalisme, tout comme il fait se confronter deux mondes, celui de la campagne américaine, incarnée par la fraîche Ann, et la ville toxique, plutôt sous les traits de Meta Carson, femme au double jeu. Il y a quelques lignes sur l'ambiance new-yorkaise qui valent plus que le détour, " une bande gosses jouaient au hockey, chaussés de patins à roulettes. Ils poussaient devant eux un fragment d'asphalte, avec des crosses taillées dans de vieilles charpentes. Si leu jeu était interrompue par le passage d'une voiture, ils ne se gênaient pas pour apostropher le conducteur. Le quartier était sinistre."

L'intrigue à tiroirs est simple et efficace, faite de chantages et de rivalités, Red Bailey se trouvant coincé par un ancien meurtre. Son salut se trouvant finalement, peut-être, dans un repli stratégique sur ses terres californiennes, au bord des rivières qu'il a parcourues, auprès de la communauté qui l'a accueillie. Mais Geoffrey Homes ne se contente pas de ce personnage fort et héroïque, il écrit aussi un superbe rôle féminin avec Ann, courtisé par un garde-chasse qui lui fait visiter sa future maison, garde-chasse qui plairait bien aux parents. Garde-chasse, lui aussi, bien dépeint dans toute son ambiguïté. Et il ne faut pas oublier, dans ce décor, le jeune sourd et muet, apprenti mécano de Bailey...

 Pendez-moi haut et court fleure bon le polar des années 40, une forme de pessimisme, de chute sans fin de l'homme et une société urbaine sans pitié. Remarquable de noirceur. Et pas loin du très grand roman.

Pendez-moi haut et court (Build my Gallows high, trad. François Grosmaire et Minnie Danzaz), ed. Rivages, 219 pages, 8 euros
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E
A noter que le livre a été génialement adapté au cinéma en 1947 par Jacques Tourneur sous le titre La griffe du passé (en anglais Out Of The Past), avec Robert Mitchum, Jane Greer, Rhonda Fleming et Kirk Douglas. Un chef-d'oeuvre du film noir!
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