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The killer inside me

Littérature noire

Langues de feu : dernières nouvelles de Christopher Cook

Christopher Cook fêtera ses 70 ans l'an prochain. Et on ne peut pas vraiment dire que ce Texan d'adoption ait noyé ses lecteurs sous sa prose. Enfin, si sans doute les lecteurs des journaux dans lesquels il a oeuvré. Pour le reste, trois livres en tout et pour tout. Si l'attente est si intense, c'est à cause de Voleurs, paru en 2002, sans doute l'un des plus beaux polars de ce début de siècle. Pour étancher sa soif, le fan s'est jeté sur Bethléem, Texas, formidable recueil de nouvelles. Mais encore une fois, comme face à un désert, le lecteur a pris son temps pour attaquer Langues de feu, ultime recueil, désormais vieux d'une poignée d'années.
On retrouve bien sûr, l'Est du Texas, au nord de Houston, près de la frontière avec la Louisiane. Terre de paysans, terre de violences, terre d'hommes mutiques. Tout est dit ou presque dans La tourmente, première nouvelle, racontée par un enfant. La galère de son père qui ne veut plus travailler en raffinerie, la sagesse d'un grand-père réparateur de scie, la folie de deux oncles. Et puis la nature, un chien, un cheval, les fleurs alentour et la forêt qui borde la propriété. Cook arrive à faire tenir tout cela bien droit, quasiment 24 heures de la journée de ce gamin, curieux, gentil, attentif à tout. Il n'y a pas d'intrigue, pas de suspense particulier mais il y a une vie, une intensité jusque dans l'odeur des glycines de la terrasse. Evidemment que la religion, comme dans le précédent recueil, est présente à travers justement Langues de feu. Peut-être une nouvelle un peu trop longue tant il ne se passe rien, mais elle étire aussi ce temps de la foi chez un homme désespéré de ne pas avoir la Révélation alors qu'il se rend tous les dimanches à la messe, avec la plus grande ferveur. Christopher Cook ne moque pas, bien au contraire, il tente de comprendre l'inébranlable foi de ses concitoyens, la simplicité de leur vie en accord avec ces convictions. La trilogie de Tiger Ridge, redoutable d'intelligence dans sa narration, révèle en creux tout le travail de traduction de Pierre Bondil mais c'est la superbe histoire du brigand Lafayette Dugas qui enlève tous les suffrages, entre bandits de grand chemin, chasseurs de prime et parties de cartes. Quasiment un conte de l'ancien temps, entre anti-héros et mythologie western.

Langues de feu n'est sans doute pas la meilleure porte d'entrée pour l'univers de Christopher Cook, mais les nouvelles sont évidemment une grosse partie de son oeuvre et, une nouvelle fois, il y a là tout son univers. Par ailleurs, il faut bien se satisfaire du peu que l'auteur a produit jusque là. Sur son blog, stoppé en 2015, il racontait qu'il était de nouveau au Texas, du côté d'Austin. Quelque part, il était aussi écrit qu'il travaillait à un nouveau roman.

Langues de feu (Cloven tongues of fire, trad. Pierre Bondil), ed. Rivages, 238 pages, 21, 80 euros)
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