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The killer inside me

Littérature noire

Nueve-Cuatro : dingueries dans le Val-de-Marne

Un comptable retraité perclus de diabète que l'on vient d'amputer d'un orteil. Un caïd quinquagénaire victime d'Alzheimer. Un crocodile qui se balade en liberté. Un gamin qui braque à cheval. Des voyous russes en guerre de territoire. Et puis des trafics de came. Un réseau de prostitution. C'est à Ratigny que tout cela se passe. Dans le 94, le Val-de-Marne. C'est dans ce cocon de violences et de non-droit que Clara, lycéenne de 17 ans, disparaît. Elle était la voisine du susnommé comptable à la retraite, Henri. Il lui donnait des leçons de mathématiques, autour d'un gâteau polonais immangeable que la mère de l'ado offrait. Au fil du temps, cette Clara est, presque, devenue une amie. Sa disparition n'a rien de normal. Et voilà Henri, grand amateur de chasse et de calibres, parti, malgré son orteil en moins, secouer les puces de tous les petits trafiquants du coin. Il se lie d'amitié avec le jeune Soul, encaisseur de dettes raté, tellement il est doux. Et de fil en aiguille, Henri se retrouve ace Brahim, la caïd à la mémoire vaporeuse, à ses côtés. La petite ville de Ratigny va être retournée pour Clara.
Premier roman de Nicolas Laquerrière, Nueve Cuatro, déborde d'amour pour ces quartiers et ces habitants. On sent l'auteur ravi d'écrire sur son monde, peut-être ses amis, ses connaissances. L'humour constant et la folie de certaines situations ne sont pas sans rappeler Jacky Schwartzmann, un côté Jacques Tati hardcore, un peu surréaliste. Mais il y a aussi une extrême violence dans Nueve Cuatro, des bandes qui pratiquent le sadisme, la prostitution sur mineures, l'assassinat massif. C'est le décalage que parvient à trouver Nicolas Laquerrière, une forme de fatalisme des personnages, obligés de sourire ou de rire pour ne pas sombrer dans la dépression d'une société dure comme le béton de ses cités Ce n'est pas pour rien que la majorité d'entre eux sont seuls, sans femme, sans mère, parfois sans père. Le roman réussit donc parfaitement cette vision sociale autour de la quête de Clara  En revanche on n'est moins convaincus sur toute la partie féminine de ce qui s'apparente hélas quasiment à un discours. L'auteur n'a pas trouvé le biais narratif pour en parler et c'est donc un enregistrement sur téléphone qui évoque le patriarcat étouffant de ce monde. Avec un texte un poil long, c'est le seul bémol de ce polar franchement déjanté, avec un Henri amateur de Coca qui se fiche de son diabète et se lance, à 70 balais, à la découverte des McFlury saveur caramel !

Nueve-Cuatro, ed. Harper & Collins, 438 pages, 19 euros
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