Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
The killer inside me

Littérature noire

Château de cartes : le scandale des sauvetages de banques au Portugal

Marcelo Silva est un ancien journaliste économique, tout juste nommé, par le procureur de Lisbonne, à la tête d'un service anti-corruption. Un rédacteur en chef autrefois ami proche lui confie que l'on vient de lui remettre la liste de pots de vins versés par le directeur de BVG, la banque privée qui fait référence en matière de réussites, de dividendes versés. Cette liste va tout faire basculer. D'abord le bureau du rédacteur en chef est forcé, la liste dérobée et il se retrouve sous une inattendue accusation de pédophilie. Le directeur de la banque, Antonio Carmona, dîne au même restaurant que Silva lorsqu'il est pris à partie par un créancier accompagné de deux nervis. Un Carmona qui est enlevé aussitôt et forcé d'effectuer des virements sur des comptes off shore. Au plus haut sommet de l'Etat c'est la panique et l'enquête que dirige désormais Marcelo Silva risque d'éclabousser beaucoup trop de monde.
Le sauvetage à l'été 2014 par l'Etat portugais (avec l'assentiment de l'Europe) de la banque Espirito Santo, avec la bagatelle de 4,9 milliards d'euros est l'un de ses scandales auquel le public s'est, hélas, habitué. Pas Miguel Szymanski qui est journaliste économique et dont Château de cartes est le premier roman. Sans noyer son lecteur dans les détails techniques, Szymanski explique avec simplicité comment de l'argent sale angolais ou allemand est venu alimenter les caisses de la banque, comment le BVG s'est rendu indispensable puis tributaire des politiques, comment sa situation fragile est devenue une bombe à retardement pour tout le pays. Le truc, c'est qu'après cinquante pages qui posent bien le décor, l'auteur semble prendre cela bien trop à coeur et semble même régler quelques comptes. La façon dont il "descend" ses confrères un peu naïvement en pointant du doigt les liens des rédactions avec le pouvoir, la publicité, les aides. Rien de neuf, pas un scoop.  Mais c'est aussi le personnage central, déjà sacré tombeur de dames, qui manque d'un peu de simplicité. D'accord, il aime le bon vin. Une fois. Deux fois. Au bout de la huitième fois, on a l'impression d'être devant la carte des vins d'un étoilé. Enfin, il y a deux ou trois dialogues pas trop assurés, notamment celui avec l'épouse de Carmona ("je veux le revoir vivant nom de dieu. Je ne veux pas qu'il meure. Pourvu qu'il soit encore en vie... vous devez m'ider je vous en supplie.") A revoir pur le deuxième épisode.

Château de cartes (Ouro, prata e silva, trad. Daniel Matias), ed. Agullo, 308 pages, 22 euros.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article