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The killer inside me

Littérature noire

Rue Mexico : l'enfer des communautés criminelles

Le jeune homme est mort brûlé vif dans sa voiture. Il y a bien des voitures qui s'enflamment un peu partout en Europe et ailleurs ces temps-ci mais elles ont rarement un passager, font rarement des victimes. A l'autopsie, il se révèle que ce n'est pas un accident. Ce dont se doutait Chastity Riley, la procureure de Hambourg ; parce que l'identité du jeune homme était connue, Nouri Saroukhan, membre de la redoutée communauté Mahallami, réfugiée de Turquie et du Liban, vivant en vase clos, aux moeurs moyen-ageuses et violentes. Et plutôt du côté de Brême, pas à Hambourg.
En compagnie des flics rompus à l'exercice, Stepanovic, Calabretta, devenus plus que des collègues, Riley va remonter, très doucement, en raison d'une forme d'omerta, le fil d'une histoire d'honneur, de famille et d'amour. Elle-même doit composer avec le retour d'un homme qui a fait vibrer son coeur.
Déçu par le précédent tome des aventures de la très libre Chastity Riley, Béton rouge, cette fois Simone Bucholz trouve les mots et la bonne intrigue pour toucher son lecteur. Sa description du monde criminel importé par les Mahallami sonne juste, sans jamais prendre de raccourcis et pourtant elle gratte jusqu'à l'os sa narration, ne se perdant pas dans un historique trop lourd ou une tentative psychologique. Cet environnement patriarcal, meurtrier est parfaitement rendu et, finalement, résonne avec la personnalité de son héroïne, femme qui assume tous ses choix, qui refuse la moindre attache. Ou du moins y va avec toute la mesure qui la caractérise. Quoique, la mesure, devant une bière, Riley ne connaît pas trop ça. Et c'est ce qui rend ce personnage de fiction si épais, si sympathique aussi. On ne sait pas si Simone Bucholz a une écriture féminine, on ne sait même pas ce que cela signifie mais en tous les cas, elle créé un rapport incroyable avec son premier rôle, une vision un brin renversée du polar, avec un peu plus de fragilité, de doutes mais pas moins de convictions. Et toujours de l'humour.

Rue Mexico (Mexicoring, trad. Claudine Layre),, coll. Fusion, ed. L'Atalante, 244 pages, 19, 90 euros
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