Littérature noire
15 Avril 2011
Voilà la revue qui manquait aux nombreux fans de polars et de romans noirs. Alibi a sorti son premier numéro il y a trois mois (avec un super sujet sur, entre autres, Smith & Wesson, le tueur de Gênes, Marcus Malte...) et visiblement les retours sont bons. Le deuxième est en librairie cette semaine avec du lourd : rencontre avec James Ellroy, promenade à Oslo avec Jo Nesbo, retour sur l'affaire Spaggiari et toujours d'excellentes chroniques et critiques. Petite interview de Marc Fernandez, l'un des fondateurs.
Comment a fonctionné le premier numéro d'Alibi ?
Nous ne sommes pas en kiosques donc les retours sont plus difficiles à estimer. Un libraire peut très bien garder le premier numéro quand il reçoit le deuxième, vu que c'est assez intemporal. En plus c'est considéré comme un livre. Mais il y a eu de nombreux réassorts dans les librairies donc on peut penser raisonnablement que ça a marché.
Qui est cette équipe rédactionnelle ?
Il y a quatre membres fondateurs. Jean-Christophe Rampal, Paolo Bevilacqua et moi-mêmes, tous journalistes, notamment à Courrier International. Et puis il y a Pierre Achard qui est directeur de stratégie dans une grande multinationale. On fonctionne comme beaucoup de journaux avec une équipe de pigistes. Il y a des specialistes du polar mais aussi des journalistes généralistes parce que l'on ne veut pas faire une revue de spécialistes mais une revue de fans.
Vous avez, dans le dernier numéro, une rencontre avec James Ellroy, comme ça c'est passé ?
Paolo et moi avons eu la chance de rester avec lui durant une heure lors de sa visite en janvier pour La Malédiction Hilliker. C'est un bonheur de passer autant de temps avec un auteur mais les éditeurs ont aussi compris qu'Alibi était un bon vecteur, une revue où l'on pouvait développer. Du coup on fait dix pages avec Ellroy : il parle d'Hilliker bien sûr mais aussi de politique, il redit qu'il n'aime pas Obama, qu'il est Républicain, un peu de provoc' avec lui c'est normal. Sinon ce n'est pas Ellroy. On a évoqué l'évolution de son écriture, sa technophobie aussi : il n'a pas d'ordi, pas de téléphone portable, il écrit tout à la main, il corrige à la main...
Vous ne faites pas que des rencontres d'auteurs...
Non, on revient sur l'affaire Spaggiari à l'occasion du livre sorti à la rentrée de septembre qui indiquait clairement que Spaggiari n'était au mieux que l'apporteur de l'affaire. C'est marrant parce qu'avec Jean-Christophe Rampal, on a travaillé il y a quelques temps sur Pinochet avec des archives déclassifiées du FBI et Spaggiari apparaissait aux côtés de la junte. On sait maintenant que c'était un proche de l'extême droite. Dans le numéro 2 d'Alibi, on fait aussi une rencontre avec un indic. C'est la première fois que cela se fait. On a vérifié les dires quand même mais c'est étrange cette vie de mensonges. L'article est complété par une entrevue avec un flic et un psychiatre. Quant aux critiques, on a un coup de coeur pour un Français, Marin Ledun, Les visages écrasés, paru au Seuil, une histoire de médecin du travail dans une plateforme téléphonique, vraiment très bien.
Et vos goûts personnels ?
Je suis un grand fan d'Ellroy, d'Ellory aussi, de Don Winslow dont j'adore le dernier Savages, de David Peace, de Taibo II, d'Elmer Mendoza et il faut saluer le très bon travail de DOA et Manotti.