Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
The killer inside me

Littérature noire

Peter Leonard doit encore (beaucoup) travailler pour suivre son père

Peter Leonard doit encore (beaucoup) travailler pour suivre son père

Dans la musique, au cinéma, il n'est jamais aisé d'être le fils de. L'héritage artistique demeure quelque chose de très lourd à porter. En matière de littérature, les exemples de filiation sont moins nombreux. Le dernier en date ? Peter Leonard, fils du grand Elmore Leonard, sans doute l'un des plus grands auteurs du roman noir américain, avec Ellroy, Crumley, Pelecanos ou Burke. Bref, à 50 ans et des poussières, Peter se sent prêt pour suivre les traces du papa et sort ce printemps, N'ayez crainte. On aborde le livre avec un vrai soupçon quand on voit les louanges en 4e de couv' : " Drôle, féroce, rapide " dixit Ken Bruen, " Un auteur à l'aube d'une carrière prometteuse " dixit Jim Harrison... bref à trop charger la mule, elle en devient parfois suspecte.

N'ayez crainte ce sont 280 pages pour savoir qui va repartir avec un magot de 1, 6 millions de dollars ! Beaucoup de drôleries dans ce roman, des bras cassés comme on en rencontre chez Westlake ou chez Iain Levison. Pourtant la comparaison s'arrête là...

Oui, on est un peu déçu par ce premier roman (deux autres doivent être traduits en France sous peu : Quiver et All he saw was the girl). D'abord par le rythme, trop trépidant pour laisser les personnages s'installer chez le lecteur. Et des personnages, il doit y en avoir près d'une dizaine : Karen, la voleuse, Wade, Bobby et Loyd, ses complices, O'Clair, celui qui les poursuit, Samir, le volé, Virginia, la soeur de Karen... On passe de l'un à l'autre, sans creuser, sans épaissir les personnalités. Heureusement Karen échappe à cette critique : belle fille de Detroit, elle passe d'un riche épicier arabe, à un restaurateur grec tout aussi en fonds, manipulatrice hors pair et femme de combat. Qui cherche à récupérer 300 000 dollars prêtés à son ex arabe et se retrouve donc avec 1, 6 millions de dollars.

Dans la folle course-poursuite à travers les rues de Detroit, Karen parvient à échapper à tout ce beau monde, soit en Audi, soit avec son 9 mm. Le soupçon d'invraisemblance des situations fait partie du charme du livre. Qui n'en manque pas, soyons clair. Peter Leonard, on le sent, à la plume qui le démange et ne se prive pas de quelques saillies provocantes du genre " Minde, comme toutes les femmes, était une emmerdeuse, elle avait toujours besoin qu'on s'occupe d'elle...", " les coups reçus, par Samir avaient peut-être endommagé son cerveau, il risquait de devenir un légume. Ricky se demanda lequel. Il imagina un chou-fleur humide ".

Au final, la lecture n'est pas vraiment désagréable mais il manque encore l'étincelle, la richesse d'une bonne histoire. On ne se fait pas un prénom avec seulement 280 pages mais bon, on fait confiance à Elmore pour guider son fils dans ses futurs écrits.

N'ayez crainte, de Peter Léonard, ed. L'Archipel, 280 pages, 19, 95 euros.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article