Magazine LIRE spécial polar... ou thriller ?

On ne va pas taxer le magazine LIRE de facilités mais bon, juste avant l'été, sortir un numéro spécial Polar, cela a le don d'irriter. Oui, parfaitement. Est-ce que le polar ne se lit que l'été ? Est-ce que c'est un divertissement qui s'accompagne d'une glace fraise/banane et d'une crème solaire indice 50 ? Et est-ce que la littérature s'arrête en juin pour laisser la place aux polars ? Il n'y a donc rien d'autres chez nos libraires ?... Ce petit coup de gueule passé, il reste encore une question : parle-t-on de polar ou de thriller dans LIRE ?

De polar essentiellement il faut l'avouer. Mais comment mélanger sans distinction dans un même dossier, les purs polars de Sergio Ramirez dont on a déjà parlé ici ou Attica Locke, évoquée là, avec le thriller violent de Zoran Drvenkar, Sorry ou même comparer DOA et Frank Thilliez, Caryl Férey et Maxime Chattam ? Encore une fois, j'ai trop de respect pour les valeurs sociales du polar, son empathie pour les victimes, la puissance de ses révélations sur nos sociétés, pour le laisser baigner avec le thriller qui fait trop souvent la part belle aux tueurs et parfois montre un sadisme pitoyable, pour ne pas dire primaire.

Néanmoins, le magazine LIRE fait un joli tour de la maison polar. Tout de même, oui. En évitant déjà de retomber dans la traditionnelle revue des Scandinaves. La belle interview de Fred Vargas permet d'en savoir ainsi beaucoup plus sur ses processus de création, l'auteur évoquant ses trois semaines d'écriture fréntique et ses six mois de correction intense. Très instructif. A l'inverse de la visite chez Mo Hayder près de Bristol, anecdotique, qui livre seulement le fait qu'elle écrit... dans son lit.

LIRE fait aussi un petit tour du monde des autres pays du polar et offre, exercice obligé, ses dix meilleurs polars 2011. Choix difficile tant l'année s'annonce excellente : on trouve donc Tijuana Straits de Kem Nunn (avec un long extrait), Savages de Don Winslow, Le poète de Gaza de Yishaï Sarid... Extraits en avant-première d'une oeuvre inédite de Westlake et d'une BD de Tardi, Boujut et Stanislas complètent ce numéro où finalement on ne regrette pas les 5, 90 euros investis.