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The killer inside me

Littérature noire

Tortuga, un roman de piraterie parfait

Tortuga, un roman de piraterie parfait

LE livre de l'année 2011 pour l'instant. Et ce n'est pas un polar. Quoique les ingrédients soient là. Mais non, c'est un livre d'aventures et plus précisément un livre de flibustiers, de pirates. Et mazette !, ça castagne sévère dans ce Tortuga. Dès les premières lignes : " les pirates allaient de coprs en coprs, tranchant avec froideur la gorge des survivants, même lorsqu'il s'agissait de leurs propres compagnons, trop grièvement blessés pour espérer guérir, puis ils en jetaient les cadavres à la mer, récupérant au passage les grappins à quatre pointes lancés au moment de l'assaut. L'odeur du sang était si puissante qu'elle dominait celle des embruns et étourdissait. " Vous saisissez l'ambiance ? Vous aimez ? Alors vous adorerez le dernier roman de Valerio Evangelisti.

Du sang, beaucoup, des batailles, forcément, du sexe, du rhum... le roman suit pas à pas les aventures de Rogerio, un Portugais tombé aux mains des pirates qui sera sauvé par son grade de maître d'équipage, bien utile pour le pirate Lorencillo. A travers les yeux de Rogerio, offusqué au début et beaucoup moins par la suite, le lecteur découvre la vie des flibustiers, en 1685. Rien n'est épargné : viol des mousses, tortures, sadisme... c'est un maelström de violences avec tout de même un code d'honneur qui, plus ou moins, parvient à faire tenir les équipages. Les scènes d'abordage sentent la poudre, l'hémoglobine, avec force hurlements des assaillants et plaintes des battus. Rogerio découvre la vie sur l'île de la Tortuga (près d'Haïti), les contacts avec les indigènes, la nourriture plus ou moins exquise (enfin plutôt moins) et tombe pile poil au moment où la France, par la voix de son roi Louis XIV, décide de cesser cette piraterie sous pavillon français. Pour le capitaine Lorencillo mais aussi De Grammont, c'est une page qui se tourne...

Valerio Evangesliti avait sévit avec le superbe Anthracite, puis Nous ne sommes rien soyons tout mais aussi La coulé de feu, un petit ton en dessous. Cette fois, le professeur d'histoire de Bologne, vivant au Mexique une partie de l'année frappe fort. Tortuga est épique, parfaitement historique et montre une société (celle des pirates) qui ne vit que pour l'argent, comme une image déformée de notre monde actuel : " tout ce que nous voulons c'est de l'argent et nous faisons fi de toute règle. Nous nous emparons de tout et vendons de tout, y compris des hommes. Nous sommes le futur et peronne ne nous arrêtera " clame le chirurgien du trois mâts Neptune. Certes il y a une petite histoire d'amour mais le twist final balaye vite cela.

Mais la force du roman est aussi la qualité de sa traduction, parfaite, avec un vocabulaire maritime trèsprécis et des mots de vieux français qui apporte une belle patine.

Bref, Tortuga est à lire absolument. Même pour ceux qui n'ont pas d'atomes crochus avec le monde de la flibuste.

Tortuga, Valerio Evangelisti, ed. Rivages, 426 pages, 24, 50 euros.
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