Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
The killer inside me

Littérature noire

Vers une aube radieuse : la rage d'un James Lee Burke en pleine jeunesse

Vers une aube radieuse : la rage d'un James Lee Burke en pleine jeunesse

L'été est bien utile (entre autres) en ce qu'il permet d'avoir de longues plages de farniente voire de longues heures de voyage, idéales pour se plonger dans des oeuvres que l'on a pas eu le temps de lire ou des auteurs dont on a loupé l'essor. Dans le premier cas, c'est Vers une aube radieuse qui attendait depuis quelques temps sur ma PAL. Fan de James Lee Burke, j'en avais lu le plus grand bien, à l'écart apparemment des aventures de Robicheaux... Un grand écart en fait, tant ce 4e roman, paru en 1970, est empreint de douleur sociale, de violence aussi et de descriptions d'un monde qui s'écroule. Et ça c'est la marque des grands livres de Burke.

Le premier sentiment, très déroutant, de Vers une aube radieuse, c'est d'être au 19e siècle. Ce sont le Kentucky, les Appalaches, le fin fond du monde, dans une mine de charbon... des années 60. Le décor industriel est terrifiant, avec ces poussières noires qui détruisent les anciennes récoltes de tabac, ces femmes et leurs mioches accrochées à leurs basques, ces accidents qui tuent ou qui mettent au tapis des ouvriers.

Tel le père de Perry qui a survécu trois jours. Dans la famille, on est syndicaliste depuis toujours : les patrons, on les aime sur un croc de boucher. C'est la vulgarité, la crasse, la menace avec, dessous, ce sentiment de ne pas vouloir être exploité. Burke dessine de fins portraits, assez justes, de ce prolétariat peu cultivé mais conscient de sa force dans l'union. Perry choisit lui de quitter les mines, fermées pour cause de grève, et de travailler dans un chantier de jeunes. De suite, le changement s'impose. " Le printemps arriva sur les Smoky Mountains avec des averses de tonnerre tous les après-midis. La neige fondit au sol, à l'exception des zones ombragées sous le couvert des arbres, et la nouvelle herbe brillait d'un vert clair à flanc de collines. Au matin, l'eau dévalait de la montagne et s'accumulait en flasques sur le goudron des chaussées avant de diparaître en vapeur aux premières lueurs du soleil. Un jour, les cornouillers s'épanouissaient soudainement et le bleu-vert uniforme des mélézes et des sapins se rompit sous le semis des fleurs blanches. "

A 17 ans, Perry trouve là, un avenir, des perspectives d'avenir pour sortir ses parents et ses quatre frères et soeurs de la misère. Le tableau est incroyable, on pense à Germinal mais c'est bien l'Amérique des années 70. Et puis tout fout le camp, lorsque le père de Perry est victime, avec d'autres, d'un attentat lors d'une réunion syndicale. Attentat commandité par les patrons et réalisé par des " jaunes. Perry peut-il échapper à son destin ? La raison sociale s'inscrit-elle dans les gênes ? Burke livre sa réponse, d'un coup de revolver Buntline spécial à canon long... Excellent. Et surprenant.

Vers une aube radieuse, ed. Rivages/Noir, 318 pages, 9 euros.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article