Littérature noire
18 Octobre 2011
Rendons à César... mon libraire a eu le nez creux (ce n'est pas tous les jours... je plaisante) lorsqu'il m'a conseillé Satan dans le désert de Boston Terran. Un livre sorti en 2004 par chez nous et qui est quelque chose comme le summum dans la traque des vrais méchants, dans la poursuite de belles ordures sans foi ni loi. Le livre est inclassable par son ambiance, faite de junkies survitaminées, de désert sans fin, d'armes de contrebandes et de magouilles immobilières. Quand je relis certains passages, je pense à Full Metal Jacket dans sa seconde partie chez le Viêt Minh : une sorte de folie collective qui tourne à l'hallucination. Roman sex, drugs and rock'n'roll, Satan dans le désert joue formidablement avec la provocation.
" C'est là dans cette caravane, alors qu'il luttait contre le manque, qu'il a compris l'architecture du monde moderne. L'essence qui soutient le Fils de Sam, le chaos et la confusion, Joseph Goebbels et l'Oncle Sam, le pape et le Ku Klux Klan, le système capitaliste et la majorité silencieuse. Là qu'il a découvert le seul, l'unique fils de l'homme, qui n'a rien à voir avec un connard nommé Jésus... " Ce Cyrus dont il est question tient une bande de camés jusqu'aux yeux prêts à tout. On les embauche pour des coups. Ils interviennent. Et disparaissent dans le désert californien. Ce sont des loups. Mais lorsqu'ils s'attaquent à la fille de Bob, flic pépère de LA, de dernier se transforme lui aussi en loup. C'est ce changement prodigieux dans la personnalité de Bob qui fait froid dans le dos. Voir un homme capable de repousser ainsi ses limites, celles de la société, de plonger au coeur de l'innommable violence, laisse songeur sur nos réactions face à la violence.
Bob va donc embaucher Case, une ancienne de la bande à Cyrus. Ils vont remonter la piste de ce dernier, dans une ambiance de western de fin du monde, un maelstrom de calibres et de poussière. Avec cette scène finale somptueuse et chorégraphiée comme du John Woo.
God is a bullet est le titre original. Cela se tient. Mais Satan dans le désert, pour une fois, est également très juste.
Satan dans le désert, ed. Folio policier, 453 pages, 7 euros.