Littérature noire
1 Novembre 2011
etour au sud... de l'Italie. Avec Francesco de Filippo et L'offense, un roman qui tient à la fois du reportage sur l'organisation de la camorra, du parcours initiatique et du témoignage d'une langue italienne torturée, passée au chalumeau des chauds étés napolitains. Gennaro n'est qu'un jeune papa qui cherche à bricoler, à rendre service et surtout à soutenir sa famille dans un quartier abandonné par l'Etat transalpin. Lorsqu'on lui demande de prêter main forte à la camorra, ce naïf un peu bêta, n'imagine pas un instant où il pose les pieds...
L'offense se construit ainsi sur des scènes, des séquences qui n'ont pas forcément toutes un rapport entre elles mais livrent le quotidien ou presque de l'activité criminelle. Gennaro, n'est que le sous-fifre de Paolino, monstre de cruauté et de bêtise, par ailleurs lieutenant du capo, don Rafele, personnage puissant et craint. Pourtant Gennaro va tout voir, véritable cheval de Troie du lecteur : les mules qui ingurgitent la came au Nicaragua, les prostituées qu'il faut véhiculer, les guerres meurtrières pour le territoire mais aussi la politique, la vie sociale à Naples... Toutefois Gennaro conserve son innocence, ne devient pas un fou sanguinaire comme il le dit : " ce n'était pas tout le monde qui pouvait faire un camorriste. Tu peux voler, tu peux cogner, tu peux même tuer mais ça veut pas dire que t'es un camorriste. Pour faire le camorriste, il fallait quelque chose de plus, il fallait... un animal en dedans, un tigre dans le coeur. " A ce titre, l'odieuse scène du viol dans le restaurant ôte définitivement tout romantisme (pour ceux qui en éprouvent encore) à l'égard de l'organisation criminelle.
Hormis une fin très déçevante, L'offense fait partie des rares romans très documentés sur la camorra et à presque une valeur sociologique. En refermant le livre, on se surprend à imaginer une intervention de l'Otan pour libérer ces populations esclaves...
L'offense, ed. Métailié, 229 pages, 20 euros.