Littérature noire
22 Décembre 2011
Il y a quelques temps Histoire secrète du Mossad s'était révélé un très bon livre d'espionnage international, riche en anecdotes et infos utiles. Un livre suivi de Mossad : les nouveaux défis. Côté ricain est sorti à l'automne Mémoires d'un couple d'agents de la CIA, par Dayna et Robert Baer. Ce dernier étant tout de même à l'origine du très bon film, Syriana. Au final, ce journal d'un couple d'espions se révèle un peu léger, une bonne partie traitant même de la rencontre des deux agents, chose dont le lecteur se fiche, il faut le reconnaître, royalement. Heureusement deux, trois chapitres sauvent la mise.
Il y a ainsi quelques bonnes lignes sur le Maroc, où Robert Baer a officié très peu de temps : " Nous ne sommes pas autorisés à recueillir des informations sur les narcotiques au Maroc. Sans compter que personne ne tient à savoir que le roi est impliqué dans le trafic, qu'il fait passer des tonnes de coke de Caracas à Casablanca, à bord de vols de Royal Air Maroc avant de l'expédier en Europe par le biais de petits avions... " Mais c'est quand Baer fréquente le Tadjikistan, le Pakistan ou le Liban que ses révélations sont le plus intéressantes, son travail le plus captivant, entre Russes et talibans, cheikhs arabes et Hezbollah. On sent bien le dédale dans lequel la CIA est obligée de naviguer pour obtenir un matériau exploitable. On sent également très bien la paranoïa inhérente à ce métier, la peur d'être suivi, d'être écouté, de tomber face à un agent double.
Une psychose à son comble lorsque Dayna est chargée avec un autre agent, de la surveillance d'une planque du Hezbollah à Sarajevo. Lorsqu'un homme dans la rue se pointe pour photographier leur immeuble, la tension est à son comble, dans un milieu hostile où les relations entre les nations, ne sont jamais ce qu'elles semblent être... Autre moment fort, lorsque Robert Baer va à la rencontre d'un général d'armée libanaise pour lui signifier que les USA ne soutiendront jamais le général Aoun malgré ce que ce dernier prétend...
Alors, il y a une forte dose de démythification de la CIA, des gens normaux, passe-partout, discret, qui évite autant que possible d'avoir du sang sur les mains. Et qui, donc, trouve même le temps d'avoir une love story au détour d'une mission... Bon on y croit qu'à moitié. Ce n'est peut-être pas précisément de la propagande mais ce n'est pas en 2012 que la CIA raflera un Prix Nobel de la Paix.
Mémoires d'un couple d'agents de la CIA, ed. JC Lattès, 332 pages, 21, 50 euros.