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The killer inside me

Littérature noire

Derniers retranchements : des nouvelles aux couleurs du polar et au son du blues

Derniers retranchements : des nouvelles aux couleurs du polar et au son du blues

Encore un livre qui était passé dessous ma PAL à force de faire le choix de la nouveauté, du dernier polar publié. Derniers retranchements, de Hervé Le Corre, est sorti au début de l'été. J'aurais mieux fait de le lire à ce moment-là : maintenant, en plein hiver, avec cette Europe qui n'en peut plus de s'écrouler... Il faut avoir le moral. Mais je savais à quoi m'attendre après le sombre et excellent Coeurs déchiquetés. Le Corre n'est pas un fan de la gaudriole, du jeu de mots à deux francs six sous qui menacent notre littérature. Lui, va chercher les sentiments les plus profonds, amour, revanche, injustice, les tourne, les polit et réalise des petites merveilles. Dix nouvelles et aucun faux pas. Bravo.

Il y en a deux que je retiens tout particulièrement. La plus longue d'abord, Partir. Avec ce petit vieux qui s'occupe tendrement, délicatement de sa femme mourante. Il lui parle, la nourrit, lui fait ses piqûres et, surtout, pense à elle, à leur amour, à leur belle jeunesse. C'est vraiment poignant. Dans cette ending love story, débarque un couple de marginaux armés, enfants d'un monde futur tombé dans une crise terrible. Il y a de la violence aveugle, de la méchanceté, de la bêtise... parfois dures, les scènes sont toujours relevées par la douceur et l'humanité du vieillard.

Seconde pépite, à mes yeux, L'arrestation qui vient. Là, Le Corre fait dans son thème de prédilection : le social. Soit une entreprise qui ferme subitement ses portes, les ouvriers occupent le bâtiment, réclament 50 000 euros d'indemnités, les négociations achoppent, il y a envahissement de la salle de négociations. Dans ce chaos, un ouvrier doit conserver son boulot... et sa femme. " Je revoyais la gueule de Froment du temps de sa superbe : son mépris, cette ironie, tout ce que je pouvais haïr, l'incarnation de ce qui nous tuait chaque jour au travail, ces cadres puants persuadés d'appartenir à la race des seigneurs, en tout cas trop contents de ne pas avoir à ramer dans l'entrepont de la galère..." Tout semble si réel dans les mots de Le Corre que l'on en vient à se demander si il n'a pas fréquenté les piquets de grève chez Moulinex, Continental...

Véritable hymne aux damnés de la Terre, un recueil indispensable qui nous rend encore plus impatient du prochain roman de l'auteur.

Derniers retranchements, ed. Rivages, 284 pages, 8, 50 euros.
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