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The killer inside me

Littérature noire

Henning Mankell dégradé en triple... Z !

Henning Mankell dégradé en triple... Z !

C'est une relation particulière que je noue avec Henning Mankell depuis bientôt dix ans. C'est mon premier auteur scandinave (avant de découvrir Sjöwall et Wahlö, Nesbö, Indridason...), son commissaire, Kurt Wallander, représentait beaucoup de choses et puis, en 2011, l'occasion de discuter longuement avec cet auteur intelligent m'a définitivement conquis. Mankell n'est certes pas un géant du roman policier, plutôt un honnête artisan, qui a eu la lucidité de stopper sa série. Sauf que Le Chinois, ce n'est ni plus ni moins que très mauvais, une catastrophe où heureusement Wallander est épargné puisqu'il n'apparaît pas...

Tout d'abord Le Chinois n'a pas d'intrigue crédible. Dix neuf morts dans un petit village suédois, tous massacrés à l'arme blanche, cela tient 20 pages, pas plus. On a beau gloser sur la social démocratie scandinave, le respect, la confiance mutuelle donc des habitants peu violents,une telle scène n'est pas crédible. Après il y a le lien que Mankell fait avec la Chine. On tombe des nues. Comme s'il voulait jouer les Hélène Carrère d'Encausse ! Retraçant l'histoire des paysans chinois au 19e siècle, enlevés et embarqués sur des gros canots pour aller construire le chemin de fer américain... et c'est sur un de ces chantier qu'un contremaître suédois ignoble fait naître la vengeance qui s'exécutera 140 ans plus tard. On croit rêver. Le lecteur a nettement l'impression que Mankell ne sait pas comment finir son histoire, il tourne, cherche une pirouette.

Après, les personnages qui font habituellement la force de l'auteur, sont baclés, minces, ou déjà-vu. La juge a une vie tellement terne, même si elle est irréprochable d'un point de vue moral, que cela en devient là encore ennuyeux. Bien sûr que c'est l'essence des scandinaves de proposer des " héros " normaux, communs, pourtant on sent que cette Birgitta n'a aucune épaisseur et, elle aussi, n'est pas bien crédible. Quant au méchant Chinois, censé incarner, un Empire du Milieu libérale et revanchard... bof, le trait est trop épais.

Ajoutons une traduction parfois à côté de ses pompes et voilà un roman de série Z qui écorne l'image d'un auteur jusque-là très apprécié. Il n'y avait vraiment que la Fnac pour proposer Le Chinois en tête de gondole en octobre dernier. Etonnez-vous après que cette entreprise soit obligée de licencier...

Le Chinois, Ed Seuil, 554 pages, 22 euros.
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