21 Février 2012
Paru aux Etats-Unis en 2007, soit onze ans après Au lieu-dit Noir-Etang, Les liens du sang en reprend les ressorts essentiels : la filiation douloureuse, l'image d'un père envahissant et une mort, un drame, que le lecteur tente de perçevoir derrière les personnages. Mais Thomas H. Cook a repris un autre élément important : à savoir un personnage féminin puissant, vivant, déterminé. Après Mlle Channing, c'est Diana qui dans Les liens du sang installe la panique, bouleverse son monde. Et pour cause, son enfant schizophrène, Jason, s'est noyé dans le lac (encore une présence aquatique !) et la paranoïa, héritée de son père, commence à la gagner...
Les liens du sang est un livre très douloureux, au sens où il essaie d'entrer très loin dans la tête d'une mère qui a perdu l'être qu'elle tentait de protéger. Dans le genre, Tom est mort, de Marie Darrieussecq était très délicat. Thomas H. Cook préfère, lui, tourmenter ses personnages, les plonger dans le doute, quitte à ce qu'ils se frappent la tête contre les murs. Le lecteur note les allusions, les fausses pistes, dans une habile mise en scène. Ainsi, Cook jongle entre la garde à vue inexpliquée du frère de Diana, Dave, chargé de raconter les faits et le fil même du drame : la mort de Jason, le divorce des parents, les soupçons de la mère, la paranoïa, puis la fille de Dave qui tombe sous le charme de Diana... Le tout parsemé d'une bonne dose de littérature et d'ésotérisme un peu barge, bref, un roman noir et gothique où la folie est derrière chaque page. Et comme dans Au lieu-dit Noir-Etang, cet auteur, décidément à part, livre les clefs de son intrigue aux ultimes lignes.
Prochaine chronique à venir : Les leçons du mal.
Les liens du sang, ed. Folio, 331 pages, 6, 80 euros.