Littérature noire
19 Mars 2012
Depuis quatre épisodes, c'est un sacré bonheur de retrouver le shérif Walt Longmire, papa poule, indianophile et un peu chat noir aussi, du comté d'Absaroka, dans le Wyoming. On peut donc déjà dire que Craig Johnson a réussi le pari d'attirer la sympathie sur son bonhomme et donc l'attente de ses lecteurs. Dans Enfants de poussière souffle cette fois un vilain vent de trafic d'humains. Longmire se retrouve avec un drôle de cadavre de jeune fille vietnamienne sur un bord de route. Comment a-t-elle pu arriver ici ?, dans ce qui est quand même le trou de balle de l'Amérique ?...
Qui dit Viet Nam, forcément, évoque le conflit, les vétérans, le napalm, Hô Chi Minh. Il s'agit rarement de méthodes culinaires... Longmire se retrouve donc avec ce qu'il est convenu d'appeler ses vieux démons. Craig Johnson, dans un exercice rebattu certes mais bien troussé, dévoile une partie du passé de notre shérif, preuve qu'il en est au point où le lecteur veut connaître l'histoire du héros et de ses liens avec Henry Standing Bear. Il y a ainsi un aller/retour passé-présent très fort, omniprésent. Avec encore et toujours un vrai esprit contemplatif chez l'auteur. A mes yeux, le plus passionnant dans Enfants de poussière reste le mystère qui entoure le géant indien emprisonné, un vrai guerrier crow, muet mais dévastateur. Un personnage qui enrichit encore la galerie du comté. Pour le reste, les fans retrouveront toute la saveur de ces polars ruraux, du fin fond des Grandes Plaines. Le roman est un léger ton en dessous des précédents mais cela reste le haut du panier du roman policier américain, il y a un fond magnifique et une belle humanité.
Enfants de poussière, ed. Gallmeister, 323 pages, 23, 60 euros.