Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
The killer inside me

Littérature noire

Paris Noir : cartographie sanglante et sociale dans la Ville lumière

Paris Noir : cartographie sanglante et sociale dans la Ville lumière

On continue avec la formidable série imaginée par Akashic Books, reprise par les éditions Asphalte en France et Folio pour la version poche. Cette fois, donc, Paris Noir. Sous la houlette d'Aurélien Masson, directeur de La Série Noire, qui se bat depuis quelques temps pour faire reconnaître à l'international un courant français du roman noir, un peu comme ce qui s'est passé pour le polar scandinave. A l'issue de ces 381 pages, on se dit, " oui, pourquoi pas ?... " Encore une fois, on ne percute pas à chacune des nouvelles. Mais Pécherot avec Mémoire Morte, Jérôme Leroy avec Berthet s'en va, Dominique Mainard pour La vie en rose et ce truc de fous d'Hervé Prudon, No comprendo l'étranger méritent un sacré coup de chapeau.

Hervé Prudon écrit peut-être ce qui ressemble le moins à un polar dans ce livre. C'est assez Célinien, un peu dégueu, une histoire de déambulation rue de la Santé, entre la maison d'arrêt, l'hôpital, des dingues et des cancéreux. C'est sombre, agité et parfaitement écrit. Mainard, lui, retaille les velleités d'un journaliste qui voudrait écrire du polar et se retrouve devant une histoire tellement forte, tellement humaine qu'il en perd tous ses moyens, ses ambitions. Jérôme Leroy de son côté semblait déjà avoir dans un coin de sa tête l'histoire de son excellent Le Bloc paru l'an passé : on croise, dans Berthet s'en va, des barbouzes aguerries aux armes, condamnées par les hautes instances, des journalistes putassiers, des politiques évidemment pourris... Les scènes d'action sont réellement excellentes et cette nouvelle se lit d'une traite, avec jubilation. Mainard, enfin, a tricoté une histoire habile de vieillard cacochyme, avec un soupçon d'Alzheimer et, surtout, un beau Luger en main. Mémoire morte balade le lecteur du début à la fin, sans que l'on s'attende jamais à ce dénouement.

Encore un très bon recueil de nouvelles, parfois sociales, parfois politiques, et même nostalgiques, qui sont la marque de cette littérature tricolore. Avec toujours, des bons mots, cette langue française qui ne chante jamais aussi bien que dans le noir : " je me suis bourbonifié...", " de bar en bar, de boutique en boutique, nous avons entamé vite fait, une petite enquête de voisinage, comme disent les flics par euphémisme quand ils font chier le monde...", " à bien y réfléchir, j'ai toujours abandonné mes enfants. Je leur ai laissé la précarité en héritage, c'est pas mal, la précarité, pour celui qui aime les surpises".

A préciser : chaque nouvelle s'attache à une rue, un quartier, Les Halles, Gare du Nord, Le Marais, Belleville, Les Batignolles...

Paris Noir, édition Folio, 381 pages, 7. 50 euros.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article