L'actualité et la critique littéraires, c'est plus que jamais sur les blogs

Une étude récente affirmait que, désormais, ce sont les blogs littéraires qui sont privilégiés par les lecteurs. Déclassant les émissions radio, télé et donc la presse écrite, les blogs sont les nouveaux prescripteurs en matière littéraire. Philippe-Jean Catinchi, jounaliste au Monde des Livres, me confiait il y a déjà quelques années, qu'hélas son journal avait perdu de son poids parmi les lecteurs. La cause ? Le soupçon, jamais totalement faux, de collusion avec le monde de l'édition. Les services presse omniprésents, les déjeuners, les invitations sur les salons ont terni l'image d'indépendance ou de neutralité du journaliste. Au bénéfice donc d'anonymes uniquement mûs par la passion... Revue, non exhaustive, des blogs intéressants dans la littérature noire.

On commence par l'un des plus anciens de la blogosphère : le blog de Jean-Marc Laherrère qui sévit depuis 2007 sur la toile. Il doit y avoir quelques 400 posts sur la le polar américain, français, scandinaves, du Bénélux (!)... mais aussi sur la BD, le cinéma et également, c'est souvent l'atout d'un blog, des rencontres avec des auteurs à l'occasion notamment de différents salons dont celui de Toulouse. Les chroniques sont assez courtes, le bloggeur allume quelques livres mais comme beaucoup d'autres, ils se concentrent sur les livres qu'il aime, avec de belles argumentations.

Place ensuite à Yann. Attention grand connaisseur et admirateur de l'oeuvre de Richard Stark alias Donald Westlake et de Tim Dorsey dont ce bloggeur s'est fait une obligation de traiter toute l'oeuvre. Un travail époustouflant surtout quand on sait que le premier de ces deux auteurs a commencé à écrire en 1959 ! C'est ce genre de blog qui donne foi en la critique littéraire. Yann traite tant l'actualité du grand format que l'actualité du poche... ce qui n'est pas plus mal pour le portefeuille !

Moins prolifique que les deux précédents, le vent sombre possède une banque de posts assez incroyables, très détaillés avec force illustrations. Ce blog se veut sans concession (un peu plus que les autres dirons nous) et est l'un des rares à poser des notes de 1 à 5 ce qui se révèle in fine assez pratique. On peut critiquer le passionné qui derrière son écran se permet de noter un travail qui a parfois pris plusieurs années pour un auteur mais quand l'argumentaire est là, solide et quasi imparable, on s'incline. A noter, la présence de plusieurs polars asiatiques dont ceux, délicieux, de Natsuo Kirino.

On peut encore consulter Pierre Faverolle qui a le courage de dire ce qu'il pense du dernier Ellory.. pas comme certains ! Un autre qui s'écarte joliment des nouveautés trop mainstream : one more... et propose des éditeurs trop peu connus, des petites perles (ah La confrérie des mutilés, de Brian Evenson) et du bon cinoch ! Petit regret, l'arrêt de moisson noire : quelque chose comme 300 chroniques, génialement écrites et puis, disons-le, quelques " taillades " appréciables comme celle sur Les enfants du néant, de Descosse ou Balles d'argent, de Mendoza.

Pour être complet, il faut évoquer trois sites : polarnoir, qui vaut aussi (surtout ?) par son forum extrêmement intéressant bien que bizarrement piraté il y a quelques mois par, parait-il, des auteurs peu heureux de certains commentaires. Pour être complet : fondu au noir se révèle une mine d'informations sur les festivals, les resto-littéraires, la revue L'indic et puis beaucoup de rock'n'roll car la musique n'est jamais loin chez les amateurs de polars. Et puis, à tout seigneur tout honneur, le must : Klibre, où l'on retrouve des chroniqueurs comme Christophe Dupuis (la référence) ou encore Julien Vedrenne. Des chroniques, de l'actualité, des rencontres... un quasi sans faute. Pour ne froisser personne, rappelons que ce post sur la blogosphère polardeuse se veut non exhaustif et qu'il existe d'autres adresses internet intéressantes. Mais j'assume : celles-ci sont vraiment de très haut niveau. Surtout, elles dépoussièrent férocement la critique littéraire " à la façon de papy " que l'on retrouve encore trop souvent dans le journalisme traditionnel.