Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
The killer inside me

Littérature noire

L'Argentine sanglante de Chamamé loin des images de carte postale

L'Argentine sanglante de Chamamé loin des images de carte postale

Décalé, violent, contemporain et tellement ringard, Chamamé, de Leonardo Oyola est tout cela à la fois. Ce road movie sanglant, retraçant l'amitié puis la rivalité de deux voyous du nord de l'Argentine, entremêle les influences yankees (dans la musique, les mauvaises séries télé notamment), la mythologie guarani, le mysticisme chrétien et un brin de romantisme désuet. Sans respecter le moins du monde une quelconque structure, Leonardo Oyola balance son histoire à fond la caisse, avec une sacrée énergie et des scènes vraiment épiques.

Les deux voyous en question se nomment Perro et le Pasteur Noé. Le premier est un beau mec, chauffeur redoutable, frappeur à l'occasion et aussi briseur de coeur. Bon, quand la puslion est trop forte, ils fréquentent les putes du Mogambo mais son truc, c'est de séduire les lycéennes sur une combinaison fatale de disques dans le juke box. Un coup de drague pour le moins ringard... Oyola ne présente pas Perro comme un saint, il reste un type qui kidnappe, tue. Le lecteur garde quand même un oeil attendri sur ce type loyal, doté de sacrées cojones.

Face à lui, une espèce d'ordure, qui a précipité le pasteur de la prison depuis une tour avant de prendre sa place. Un dingue de la machette, du pistolet mitrailleur, citant les Evangiles avant d'éclater la tête de ses adversaires. Véritable démon, c'est par lui que la violence éclate, à la prison, encore une fois, lorsqu'un travesti vient lui glisser un message de son capo/chéri. Parce qu'il a une once de foi et parce qu'il sait que le travesti a tué des enfants, le Pasteur Noé déclenche alors la foudre dans une scène de pure violence carcérale comme seule l'Amérique latine peut en fournir...

Leonardo Oyola est toujours à la limite de nous faire apprécier ses personnages : il ne les condamne pas définitivement ces oubliés de la croissance argentine, paumés dans Corrientes où franchement la vie ne semble pas des plus simples. Amoral Chamamé ? Parfois oui. Mais jubilatoire surtout. Parce que leur coup d'éclat en taule leur vaut l'admiration du lecteur : ces mecs ne se dégonflent pas, réincarnant une sorte de voyou latin qui carbure au raisiné. Chamamé donne ainsi un aperçu de l'ambiance qui règne du côté de cette fameuse triple frontière, entre Brésil et Paraguay, sorte de monde de tous les possibles pour trafic en tous genres. Loin des belles images d'Iguazu ou de la pampa et des dribbles de Messi, l'Argentine d'Oyola est bouillante, vivante. Et mortelle. Si on ajoute, un récit savamment saccadé, gorgé de flash-backs, de monologue... voilà un livre de rentrée qui bouscule les habitudes et rue un peu dans les codes du polar.

Chamamé, édition Asphalte, 216 pages, 18 euros.

Décalé, violent, contemporain et tellement ringard, Chamamé, de Leonardo Oyola est tout cela à la fois. Ce road movie sanglant, retraçant l'amitié puis la rivalité de deux voyous du nord de l'Argentine, entremêle les influences yankees (dans la musique, les mauvaises séries télé notamment), la mythologie guarani, le mysticisme chrétien et un brin de romantisme désuet. Sans respecter le moins du monde une quelconque structure, Leonardo Oyola balance son histoire à fond la caisse, avec une sacrée énergie et des scènes vraiment épiques.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article