L'Ecosse de la crise, de la corruption... vue par Ian Rankin

Les boeuf-carottes, la police des polices, l'IGS quoi ! En Ecosse, on l'appelle le service des affaires et plaintes internes, d'où le titre Plaintes, dernier roman de Ian Rankin. Malcom Fox en est le patron sous l'autorité de Bob McEwan. Ce n'est évidemment pas le service qui va toutes sirène hurlantes ou qui se frayent un chemin à grands coups de 9 mm. Non, leur spécialité, ce sont les écoutes, les planques, les photos et, au final, les interrogatoires. Récemment Fox met la dernière touche au dossier d'un inspecteur réputé, un flic apprécié mais franchement pourri. Forcément ça ne plaît pas beaucoup à l'ensemble de la profession. Tout cela fait un peu lèche-bottes mais Fox s'en moque. Et là, la Boite à pervers, le service des moeurs, lui demande de surveiller un autre flic qui s'est connecté à un serveur pédophile...

Le seul Ian rankin que j'ai lu précédemment s'appelait Traqués et je l'avais trouvé plutôt mauvais, une succession de scènes d'action avec un ancien SAS increvable qui devait sauver sa famille... Evidemment, dans Plaintes, nous sommes à des kilomètres de la moindre poussée d'adrenaline. L'enquête est longue et surtout tortueuse. Première chose : Rankin maîtrise formidablement le temps grâce à 17 chapitres qui s'étendent sur autant de jours, avec chaque fois une valeur temporelle précise, matin, midi, soir, nuit... Et c'est très important tant l'enquête de Fox part dans tous les sens, incluant la traditionnelle corruption des poulets, de grosses affaires immobilières, mâtinée d'un peu de politique, de crise financière et, forcément, de grand banditisme, à la sauce Guinness.

Malcolm Fox est censé être le nouveau personnage de l'auteur, succédant à Rebus... Las, d'après les derniers renseignements, Rankin, sous la pression de son éditeur, aurait déjà choisi de ressusciter son Rebus avec Standing in Another Man's Grave qui sort en novembre en Grande Bretagne ! Une aventure où l'on croisera aussi Fox, qui se révèle un inspecteur audacieux, soupçonneux et affublé juste de quelques détails pour le rendre plus humain : ancien alcoolo et divorcé. Bon d'accord il est un peu triste !

Plaintes n'est donc pas la lecture indispensable de cette rentrée mais c'est magistralement construit et l'intrigue, complexe, coule tel un Talisker 12 ans d'âge ! Du coup, je me laisserais peut-être tenter par un ou deux Rebus.

Plaintes, édition Le masque, 475 pages, 22 euros.