Littérature noire
28 Décembre 2012
A 61 ans, l'enfant terrible de Galway, Ken Bruen, montre une vitalité incroyable, se payant le luxe de poursuivre deux séries en même temps, à savoir Jack Taylor et Robert & Brants, plus connue sous le signe R&B. La patte de Bruen, c'est du polar tendance hard boiled, court, pêchu, aux dialogues cinglants. Avec, c'est le cas dans les Jack Taylor, un gros fond social, pour ne pas dire moral. Deux romans ont déjà été scénarisés pour le grand écran (London Boulevard et Blitz) et à l'automne, l'auteur a quasi envahi les étals grâce à trois livres, chez trois éditeurs français différents. L'occasion, via la magie d'internet, d'en savoir un peu plus sur lui... en attendant la sortie du prochain Jack Taylor, Headstone, l'an prochain.
Le démon (ed. Fayard), Tower (ed. Rivages) et Munitions (La série Noire) sortent en l'espace de six semaines dans l'hexagone. Y a-t-il une guerre des éditeurs autour de Ken Bruen ?
C'est réellement juste un heureux hasard et évidemment un drôle de sentiment.
Comment ça s'est passé le projet Tower avec Reed Farrell Coleman ?
Je lui ai envoyée les 90 premières pages. Sans notes. Et je lui ai dit, " vas y " ! Il l'a fait. Formidablement. (On peut en savoir plus ici)
New-York vous a inspiré ?
J'y ai travaillé comme agent de sécurité aux Twin Towers, alors, oui, cela était pour moi une énorme inspiration.
Dans Le démon, n'est-ce pas le capitalisme votre vrai diable ?
En fait, il y a en vraiment deux : l'avidité et le Mal, lui-même.
Comment on se sent lorsqu'une maison comme La série Noire vous sort de son catalogue ?
J'ai dit quel dommage (en français) mais Fayard a une super équipe, très inspirée.
Si Jack Taylor vous ressemble par certains traits, est-ce que R&B seraient ceux à qui vous aimeriez ressembler ?
Bien sûr, j'ai cette dégaine grisonnante, de mec qui a vécu, un peu battu comme Jack Taylor. Mais les gars de R&B sont en accord avec mes propres points de vues sur les tribunaux qui ne rendent pas la justice. Les rues semblent être le seul endroit où une plainte peut encore être entendue et puis j'aime leur rapport à l'autorité.
Dites-nous en plus sur les adaptations de Jack Taylor pour la télé irlandaise. Est-ce qu'il y a une chance pour les voir en France ?
Cinq livres ont été adaptés pour l'instant et je suis très heureux du résultat, Ian Glen dans le rôle de Taylor est superbe. L'Allemagne commence la diffusion en février alors j'espère que la France suivra bientôt. A la télé française, j'ai vu la série Braquo et d'autres séries.
Vous citez beaucoup d'auteurs de polars dans vos romans. Quels sont vos favoris outre Mac Bain ?
David Goodis et Horace Mac Coy.
Est-ce que l'on peut parler d'une littérature noire irlandaise ou existe-t-elle dans un mouvement européen ?
Je pense qu'elle est très européenne dans le sens où la littérature scandinave, elle, a vraiment réinventé le genre du roman criminel. En France, j'aime beaucoup, attention je ne suis pas un adorateur, le travail de Fred Vargas.
En quoi la métaphysique que vous avez enseigné entre-t-elle dans votre travail de romancier ?
Pour essayer d'interpréter l'essence même de notre connaissance dans un environnement urbain avec, comme objet, les vicissitudes du mal dans toutes ses manifestations.
Sans votre incident au Brésil, seriez-vous resté enseignant ?
A la vérité, j'ai continué à enseigner à Londres et Brixton pendant dix ans, après le Brésil. Et c'était là, que je me suis imaginé les rues de Londres à travers le prisme du roman hard boiled américain (voir la série R&B).
Avez-vous trouvé la paix en écrivant ?
Cela m'a sauvé du suicide... franchement. Si je n'avais pas cette page blanche pour expulser mes démons, ce serait Bonne nuit Jean-Paul (?!)...