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The killer inside me

Littérature noire

Tendu et paranoïaque comme Un petit jouet mécanique dans le Cap Corse

Tendu et paranoïaque comme Un petit jouet mécanique dans le Cap Corse

Marie Neuser maîtrise autant les tourments de l'adolescence que les recettes techniques d'un bon livre noir. Dans Je tue les enfants français dans les jardins, livre polémique, elle évoquait une classe d'un collège marseillais, peuplée d'individus insupportables, violents, au bord de la délinquance. Dans Un jouet mécanique, c'est une jeune fille, Anna, rebelle, gothique, qui part en vacances - une fois de plus - avec ses parents dans un village du Cap Corse. La tension est présente dès les premières pages et semble prête à exploser à chaque scène mais Marie Neuser tient littéralement son lecteur par les c...

D'emblée, Anna s'ennuie donc à mourir dans cette maison d'un village quasi désert du Cap. A Méria, précisément. Tout de suite, on sent cette gamine de 16 ans, pas intéressée par la mer, la baignade ou la nature. Elle, est, rocck'n'roll, écoute Nick Cave, rêve de New-York, de Londres et d'école de design. Ses parents sont, c'est décidé, totalement ringards : son père boit des bières et refait des murets. Sa mère joue du piano et la considère comme une petite enfant... Le tableau est sévère. Si un ado doit se construire dans l'adversité, c'est gagné pour Anna qui ne supporte même pas les manèges de séduction qui se jouent sur la plage. Bref, ces vacances d'été, c'est l'enfer !

Puis arrive la soeur Hélène. Douze ans de plus, inaccessible car tellement différente, superficielle, hautaine. Heureusement, elle vient 15 jours avec sa fille, Léa. A peine un an et une bouille capable de briser l'armure gothique d'Anna. Pourtant, il y a quelque chose, d'assez indéfinissables, qui ne tourne pas rond chez Hélène. Et sa jeune soeur semble la seule à le voir...

Avec plus de finesse que dans son premier roman, Marie Neuser dresse un magnifique portrait d'ado, peut-être celui qu'elle a été, tant les références semblent personnelles. Toujours est-il que ça fonctionne. Cette petite peste est adorable dans son attention avec Lea, dans son côté rêveuse aussi. Et sa paranoia... Paranoia magnifique et maladive. Tout n'est que tension entre Anna et ses parents, entre Anna et sa soeur. Le moindre rapprochement n'est qu'un prétexte à une nouvelle escarmouche. Et l'arrivée d'un bel Italien sur la plage est un subterfuge de l'auteur pour tromper le lecteur, le divertir quelques instants du principal. Marie Neuser semble nous dire que tout n'est qu'apparence et vernis... derrière tout un chacun se cache une réalité brutale, parfois douloureuse. A l'image de cette plage idyllique qui cache dans ses replis de vilaines méduses. Cela peut paraître simpliste dit comme ça mais l'auteur marseillais le fait bien mieux que moi.

Après deux romans, qui n'ont rien de polars mais se révèlent très sombres, Marie Neuser impose son style tendu, ses névroses, dans des narrations justement maîtrisées, avec des personnages précis, où la dualité fait frémir. Bref, c'est à lire.

Un petit jouet mécanique, édition L'Ecailler, 158 pages, 22 euros.
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