Littérature noire
7 Janvier 2013
Ah le fameux trio infernal du roman policier. Le bandit, la fille, toujours un brin fatal, et le flic. Malcolm Mackay sort cette semaine son premier polar, Il faut tuer Lewis Winter, porte d'entrée d'une trilogie située dans la rieuse ville de Glasgow. Dans un exercice parfaitement équilibré, très classique ( trop ?), Mackay dessine les contours de la pègre locale, ses rouages et notamment ceux d'un clan, celui de Jamieson et Young, qui veut éliminer un intermédiaire du deal, histoire d'envoyer un message à qui de droit. Une sorte de coup de billard à deux bandes. Dans le rôle de la boule, de l'exécutant, Calum MacLean, personnage particulièrement bien troussé.
Pour Calum, tueur à gages, c'est un art de vivre. D'abord, il faut, évidemment, être über professionnel, se renseigner sur la cible, ses fréquentations, ses habitudes, son habitat. Ne jamais garder de flingues chez soi. Et appeler, comme c'est le cas ici, un copain, si le besoin s'en fait sentir. Mais surtout, il faut savoir se montrer discret dans la vie et, opérer en free lance. Cest-à-dire comme un pigiste du flingage, rester libre de bosser pour qui l'on veut, quand on veut. Toute cette partie de Il faut tuer Lewis Winter est réellement bien écrite, le lecteur s'insinuant petit à petit dans l'esprit de Calum, se surprenant à penser " ah bien sûr, oui... faut pas aller chercher l'argent du contrat de suite, c'est évident ". Il y a toutefois, dans une première moitié, quelques longueurs, le temps nécessaire pour planter le décor. Mais dès que le contrat est exécuté, tout s'emballe. Zara Cope, la copine de Lewis Winter, douée d'un bel instinct de survie, entre en scène, manipulant un amant d'un soir puis l'inspecteur chargé de l'enquête. Michael Fischer. Malin, conscient de la corruption chez les flics écossais. Et qui doit, maintenant, chercher la vérité chez Zara Cope puis tenter de trouver l'assassin de Lewis Winter.
Le polar de Malcolm Mackay avance sur un faux rythme continuel, sans violence gratuite, chaque personnage essayant de jouer au chat et à la souris. L'auteur ne montre aucune condescendance pour le moindre personnage, il ne fait pas du flic un héros, juste un bosseur, à peine sympathique. Mais même Calum ou Zara Cope bénéficient, dans plusieurs passages, de cette marque de sympathie, ou tout le moins de compréhension pour deux êtres pris au piège d'un marché accepté ou d'une vie assumée au sein du milieu. Mackay se distingue aussi par la sobriété de ces dialogues et un ton volontairement froid, presque clinique. La fin de ce premier tome laisse la porte ouverte pour une suite que l'on espère bien plus agitée. Avec un trio qui devrait, fatalement, se croiser un peu plus.
Il faut tuer Lewis Winter, édition Liana Levi, 239 pages, 17 euros.