Littérature noire
17 Mars 2013
Je fais partie de ceux qui pensent que Les visages écrasés est un très grand roman, un modèle de polar en prise avec l'actualité brûlante mais pas forcément glamour il est vrai. Le suicide des salariés, on a fait mieux pour inonder les libraires. En attendant de lire Dans le ventre des mères, je me suis précipité sur No more Natalie parce que c'était édité chez In8, dont le Canisses de Marcus Malte, sorti l'an passé, était carrément bouleversant. Un bon auteur et un bon éditeur... eh bien ça fait un très bon livre.
Surtout que Marin Ledun se lance dans la réécriture d'une page d'Hollywood. En 1981, Natalie Wood, son mari Robert Wagner et le jeune Christopher Walken sont sur un bateau. Natalie Wood tombe à l'eau. Qui reste-t-il ?...
Dope, jalousie, sexe, pute, cinéma... Marin Ledun organise cela de manière magistrale et fait vivre à son lecteur une belle soirée de paranoïa, d'affrontements, de crises de nerfs, au large de Los Angeles. La tension est continue au fil des 85 pages, comme un rat pris au piège, Robert Wagner se cogne aux réalités de sa vie de pacotille, de sa sexualité en berne, de la futilité et du côté cannibale d'Hollywood.
L'auteur démonte brutalement le mythe de la cité des anges, fait exploser les dorures et surtout reprend intelligemment tout le flou qui entoure la mort de l'actrice. Car, oui, cela aurait très bien pu se passer comme ça tant les témoignages de Walken et de Wagner n'ont jamais convaincu personne. C'est donc un tour de force que réalise Ledun en reprenant ce fait divers. Un moment de lecture efficace, trépidant, malin et intelligent.
Le seul petit bémol est peut être sur le prix de cette collection.
No more Natalie, édition In8, 85 pages, 12 euros.