Littérature noire
12 Mars 2013
Première lecture de Régis Descott avec le nouveau Souviens-toi de m'oublier et le sentiment curieux de découvrir un auteur à cheval sur deux univers, celui de la littérature classique et celui de la science fiction. D'après ce que j'ai pu glaner d'informations sur l'auteur, il a l'habitude de surprendre son lectorat avec des romans d'anticipation ou des thrillers psychologiques. Souviens-toi de m'oublier emporte le lecteur dans une passion unilatérale, puisque Iris retrouve un homme qu'elle a récemment aimé passionément mais qui, lui, ne se souvient pas du tout d'elle. Comme une étrangère. Ou comme n'importe quelle autre personne. Ce qui est peut-être pire.
Au-delà de l'environnement politico-médiatique dessiné en vitesse, ce qui intéresse Régis Descott, c'est la possibilité d'effacer son histoire ou une partie de son passé. Comment vivre sans le souvenir de quelqu'un, a fortiori si on l'a aimé ? La passion peut-elle être réduite en fumée ? Iris, journaliste radio, retrouve la chaleur de cet amour pas si lointain au contact de Max, devenu, entre temps, un peintre très couru. Mais c'est justement le détachement de son ancien amant qui l'intrigue. L'excite. Alors, oui, l'auteur nous refait un peu le coup du feu qui repart lorsque l'on souffle sur les braises. Il y a un côté très romantique dans le livre. Mais ce n'est pas désagréable. Car Descott introduit une belle dose de nanotechnologies, du genre à vous trifouiller le cerveau pour vous débarrasser de tout souvenir gênant, un service chirurgical glaçant, très réaliste... qui relance totalement la vision que l'on a de cette oeuvre.
Dans un style élégant, fluide, Régis Descott interroge sur l'histoire, la mémoire, ce que l'on en fait, ce qui reste de nos passions et les enjeux de la technologie. Sur un faux rythme de roman d'amour, très féminin mais évitant les gros clichés, il construit un beau récit d'aventure passionnée.
Souviens-toi de m'oublier, édition JC Lattès, 244 pages, 19 euros.