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The killer inside me

Littérature noire

Laure Limongi invente une écriture pour les Variations Goldberg de Glenn Gould

Laure Limongi invente une écriture pour les Variations Goldberg de Glenn Gould

Et si Glenn Gould n'était pas mort ? Et si Glenn Gould vivait encore, caché, entre un bar où il a ses habitudes matinales et un club, évidemment, de jazz ? Laure Limongi s'est emparée de l'hyptohèse et l'a tricotée sur les célèbres Variations Goldberg que le pianiste canadien popularisa. Trente-deux variations qui correspondent à trente-deux chapitres et comme l'Aria ouvre et clôture l'oeuvre musicale de Bach, elle ouvre et referme son roman par un énigmatique 8 h 10. Plus qu'un exercice de style, c'est un parti pris rafraîchissant, pétillant, un pari joliment réussi car ce roman se lit d'une traite, comme on écouterait, une énième fois, la version de Gould.

C'est que l'auteur, Bastiaise installée à Paris comme éditrice et romancière, sait observer autour d'elle. Avec malice, elle retrace l'environnement actuel de Glenn Gould. Son bar donc, avec une serveuse rêveuse, une coiffeuse bavarde, un pâtissier amoureux. Elle sait aussi pénétrer l'esprit de Glenn Gould, aux prises avec les souvenirs de sa mère pianiste, de sa voiture, une Lincoln... Et puis, il y a ses superbes pages sur l'art des faussaires et le célèbre Elmyr de Hory, génial peintre, capable de reproduire un Modigliani, un Picasso ou un Dufy. Glenn Gould a de l'affection pour ce genre de personnage, lui, le pianiste adulé, trouve un sens a cet art du faussaire, a ce génie qui aurait, aime-t-il croire, aurait " simulé sa mort pour leur échapper et continuer une existence paisible à l'abri des regards. " Quand l'art simule l'art, c'est donc encore de l'art.

Laure Limongi est réellement bluffante avec ce très court roman et laisse penser qu'elle sera une des très belles plumes de ces prochaines années, loin des codes habituels mais avec une certaine recherche, un amour de la langue, teinté d'humour et de sensibilité. Pour mieux la connaître, on peut aussi aller sur son très pertinent blog, où elle parle notamment de la création littéraire, ici.

Soliste, éditions Inculte, 176 pages, 14, 90 euros.
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