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The killer inside me

Littérature noire

Quais du Polar... de la possibilité de connaître mieux les auteurs (2)

Quais du Polar... de la possibilité de connaître mieux les auteurs (2)

La nouvelle est tombée lundi : 60 000 visiteurs aux Quais du Polar 2013 ! Malgré la pluie, le froid. Et l'annulation de dernière minute de Patricia Cornwell. Il y a quelque chose de rassurant à voir du public se presser pour faire signer des livres à PD James, à Henning Mankell, Marin Ledun ou Gillian Flynn. On peut ne pas être d'accord sur tel ou tel auteur, mais c'est toujours plus rassurant de voir ça que la foule pour un concert de David Guetta. Ou un match du PSG... Et puis, pour les grincheux, il faut bien souligner que les rencontres avec les auteurs ont (hélas ?) souvent affiché complet. Le signe que le lecteur ne se contente pas de la seule petite signature mécanique sur la page de garde mais veut en savoir toujours plus. Exemples...

Vendredi 15 heures, salle du Tony Garnier du Palais du commerce, rencontre-conférence animée par Christine Ferniot (Lire magazine) sur " la mondialisation des scandales d'Etat " avec Anne Rambach, Jean-Hugues Oppel, Caryl Ferey et François Médéline. Honnêtement, il faut sortir sa carte de presse pour accéder : 70 chaises, 70 personnes. Et d'autres qui s'asseyent comme elles peuvent, " mais bon, pour des questions de sécurité, on ne peut pas faire plus. " Dommage, c'était bigrement intéressant. Le thème en lui-même a été assez vite évacué, Jean-Hugues Oppel (Vodstock, chez Rivages) déclarant justement que le " conspirationnisme mène au révisonnisme, voire au négationnisme. " Du coup, les auteurs se sont livrés, ont expliqué leurs mécanismes de création, ont beaucoup parlé des méchants. Anne Rambach (Ravages, chez Rivages) s'interroge : " qui a permis le scandale de l'amiante ? Des directeurs d'entreprise, des médecins du travail, des journalistes... ils ne sont pas affreux mes méchants mais ils participent à une machine de mort. Je me suis d'ailleurs interrogé sur ce que j'aurais fait moi-même, à leur place. Le psychopathe est pratique en littérature noire pour rejeter le mal sur une identité à laquelle on ne s'identifie pas. Or le mal qui nous ronge, aujourd'hui, est celui auquel on participe directement ou indirectement. "

Caryl Ferey (Mapuche, La série Noire) a un souvenir plus précis du salaud de son dernier livre : " il y en un qui s'appelle Le taureau. C'est un personnage que j'ai calqué sur un type qui mangeait à côté de moi au Chili : il s'en foutait de partout, il était dégueulasse, répugnant. Vraiment abject. Et dans ma tête je me disais, toi mon coco, tu perds rien pour attendre, tu seras le bourreau de mon livre... C'était comme une vengeance en direct. " L'auteur voyageur se montre ironique quand il est question d'aborder les histoires d'amour : " j'en voulais une qui soit pas gnan gnan, pas un truc à la Musso ou Marc Levy... Mais ça prend un temps fou, c'est beaucoup plus long que les méchants en fait d'écrire une histoire d'amour un peu fouillée ! " François Médéline (La politique du tumulte, chez La manufacture du livre) rebondit : " j'ai mis une histoire d'amour improbable parce que c'est mon côté chamallow, ça fait du bien. Car il y a quand même des pages dures, violentes. Certaines fois, je ne relis pas mes passages parce que ça vous bouge les tripes. " Le public aura appris, au passage, que Médéline travaille à l'écriture de deux autres romans sur ces années 91/94 de la politique française.

Autre lieu, autre jour, autres auteurs. Le lendemain, sous le faste bourgeois de l'Hôtel de Ville, rencontre avec Petros Markaris, Joel Dicker, John Burdett, Rachid Santakis et Jérémie Guez sur le thème " polar et vie des quartiers." On comprend le rapport avec les deux derniers auteurs, moins avec les trois autres. Mais peu importe. Guez avoue qu'il " ne lit jamais les faits divers, mes histoires sont inventées de A à Z même si j'utilise quelques anecdotes entendues ça et là. " Santakis, lui, confie " quand je pars dans dans une histoire, j'ai mon idée. Sans m'alimenter au fait divers que je peux utiliser comme une étude pour voir comment les personnages sont touchés par l'événement. " Venant de Thaïlande, imaginant des intrigues en Thaïlande, on voyait mal comment John Burdett pouvait coller au sujet... Du coup, il a peu évoqué le fait divers, les quartiers mais parlé de ses premières craintes face à la police locale, plutôt maltraitée dans ses thrillers. Enfin, Petros Markaris, auréolé de son prix du polar européen a raconté le quotidien de la Grèce : 40% de suicides supplémentaires entre 2011 et 2012, les crimes en augmentation, la question immigrée qui fait ressurgir l'extrême droite au coeur d'Athènes, un pays qui pers sa mémoire... " c'est une tragédie pour le peuple grec." Les 150 spectateurs étaient bien sûr ravis d'entendre ces auteurs mais trop vite le sujet a été balayé, par nécessité.

Sinon, il y avait aussi la possibilité d'aller au musée avec Donna Leon, au cinéma avec Jeff Abbott, au théâtre pour la pièce de Mankell... bref, mille choses à faire. C'est sûr, on reviendra.

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