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The killer inside me

Littérature noire

Washington dans le sang et les luttes de classes, de races

Washington dans le sang et les luttes de classes, de races

C'est sûr, la rubrique de faits divers est plus étoffée à Washington qu'à Saint-Cyr Les Lecques. Encore faut-il savoir les écrire ces histoires. Washington Noir, dixième opus de la série publiée par les éditions Asphalte, est ainsi une parfaite introduction à la vie de la capitale américaine. Parfaite, au sens où le lecteur n'est pas pris pour une bille. Pas de manichéisme, pas de gentils noirs exploités, pas de méchants blancs esclavagistes... Mais quand même, une situtation qui tourne presque au conflit ethnique. Pelecanos, chargé de la cueillette des seize nouvelles, averti en préambule : " Washington DC est la ville américaine où les différences de classe, de race et de culture sont les plus évidentes. " Embarquement pour une ville US qui résonne d'agonies...

Comme dans tout recueil, il y a du bon et du moins bon. Sauf qu'ici, le moins bon est vraiment rare. Certes, Pelecanos ne s'est pas trop torturé, sans doute que le format n'est pas adapté à son style. De même la nouvelle de Jennifer Howard tombe à plat... Le reste, c'est de la pure énergie, mieux que trois packs de Red Bull ! De la littérature qui vous donne foi dans les grandes vertus du roman policier.

Alors, il s'agit essentiellement d'histoires d'afro-américains plutôt dans la panade. L'auteur Robert Andrews, ancien béret vert, voit ainsi s'opposer Nigérians et Somaliens. Là, pas de fraternité post-africaine : le contrôle de la rue, c'est une guerre, sans pitié. Mais Washington Noir sait merveilleusement offrir d'autres facettes, contournant une vision monolithique. Il y a Laura Lippman (j'apprends d'ailleurs qu'elle est mariée à David Simon, ce qui explique que dans un épisode de la 1re saison de The Wire, un flic ait un de ses livres à la main...) et son épouse blanche inquiète de perdre son statut de femme respectable. Diablement hithcockien ! On croise aussi un ancien pensionnaire des camps nazis dans la puissante nouvelle de Richard Currey. Et puis il y a la figure du flic, chez Quintin Peterson : ce Froid comme la glace est assez jouissif et même inattendu.

Chocolate City, comme l'appelaient les funky Parliament, est une poudrière qui illustre sans doute parfaitement la schizophrénie américaine, portant un Barack Obama à la tête du pouvoir pour se faire pardonner une sorte de crime originel, inlassablement perpétué... je ne sais pas si c'est très clair ! Enfin, une chose est certaine : on ne perd pas son temps avec Washington Noir.

Le prochain volume sera consacré à La Havane, compilé par Leonardo Padura. On peut avoir une idée de ce qu'il reste à traduire de ce côté ci de l'Atlantique sur le site des éditions Akashic Books. Mieux qu'un Guide du Routard.

Washington Noir, éditions Asphalte, 279 pages, 21 euros.
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